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En Turquie, chronique d’un coup d’Etat raté

Retour sur la tentative de putsch qui a renforcé le président Recep Tayyip Erdogan et ébranlé les institutions du pays, à commencer par l’armée.

Par  (Istanbul, correspondante) et  (Ankara, Istanbul, envoyé spécial)

Publié le 25 juillet 2016 à 06h41, modifié le 26 juillet 2016 à 08h21

Temps de Lecture 13 min.

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Des célébrations sur le pont du Bosphore, à Istanbul, le 16 juillet 2016

Mené par un petit groupe de militaires, le récent coup d’Etat en Turquie a rapidement échoué, avec un lourd bilan de 290 morts. Ces quelques heures, entre la soirée du vendredi 15 juillet et l’aube du lendemain, n’en représentent pas moins un tournant pour la Turquie. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, qui continue à mobiliser ses partisans dans les rues parce que, selon lui, « le danger n’est pas fini », en sort renforcé. Mais les institutions du pays sont ébranlées, à commencer par l’armée.

Un tiers des 358 généraux turcs ont été arrêtés ou font l’objet d’une enquête. Les forces engagées dans le putsch étaient pourtant très limitées. « En tout et pour tout une demi-douzaine de F-16, une dizaine d’hélicoptères, une quarantaine de blindés et moins de cinq cents hommes », souligne un expert militaire occidental installé à Ankara. Comme nombre de ses pairs, il est stupéfait de l’« amateurisme » des putschistes.

Retour sur les moments-clés de ce coup d’Etat et sur ses nombreuses zones d’ombre. Et notamment sur le rôle des « gülenistes », les membres de la confrérie de Fethullah Gülen. Ce dernier, réfugié aux Etats-Unis depuis 1999, longtemps un allié d’Erdogan, est devenu l’un de ses plus farouches adversaires. Ankara l’accuse d’avoir ourdi le putsch.

1) Un coup d’Etat sans troupes

Il est 16 heures, le 15 juillet, quand Hakan Fidan, le directeur du MIT, les services secrets turcs, avertit le chef d’état-major, le général Hulusi Akar, « du risque imminent d’un coup d’Etat ». Il y avait eu quelques alertes ces derniers mois, mais cette fois cela semble sérieux. Etrangement, pourtant, cet homme lige de Recep Tayyip Erdogan n’aurait pas appelé le président… pour ne pas le déranger pendant ses vacances. Ni le premier ministre, Binali Yildirim. « C’est mon beau-frère qui m’a donné la nouvelle, vers 20 heures, et je n’arrivais pas à y croire », a raconté plus tard le président, qui refuse de demander la démission de son maître espion.

Le chef d’état-major et les responsables des différentes armes prennent les premières mesures, interdisant les vols militaires comme tout mouvement de blindés. Mais les ordres ne sont pas partout respectés. Bien des officiers supérieurs, y compris son propre aide de camp, Levent Turkkan, sont en effet impliqués dans le complot et décident de précipiter les choses. 

« Je suis le fils d’un pauvre fermier et, comme j’étais un bon élève à l’école, la confrérie m’a poussé dans les études jusqu’à l’académie militaire », a reconnu après son arrestation Levent Turkkan, admettant ses liens avec les gülénistes. Les photos montrent qu’il a été sérieusement tabassé avant ses « aveux ». « La pénétration des gülénistes au sein de l’institution militaire avait commencé depuis longtemps, mais elle s’est amplifiée avec l’arrivée au pouvoir d’Erdogan, qui les a utilisés pour reprendre en main l’armée », explique le général retraité Ahmet Yavuz.

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