MÉDIA - Astrid de Villaines a démissionné de la chaîne LCP. Trois mois jour pour jour après avoir porté plainte contre le présentateur Frédéric Haziza pour agression sexuelle, la journaliste a finalement quitté la chaîne parlementaire. À la suite d'une enquête interne et après avoir été suspendu pendant près de deux mois, son confrère avait lui été réintégré au sein du média en janvier.
Plusieurs sources, dont la journaliste Anne Saurat-Dubois, ont annoncé la nouvelle de sa démission sur les réseaux sociaux. L'information a très vite été confirmée par l'intéressée.
"J'aurais préféré partir dans d'autres circonstances, mais le contexte était trop pesant" a expliqué la journaliste, qui a présenté sa démission vendredi 16 février, faute d'obtenir une rupture conventionnelle après sept ans passés à LCP. La direction de la chaîne était injoignable dimanche pour confirmer.
Son départ est lié à la réintégration de Frédéric Haziza, a-t-elle indiqué, mais aussi à la proposition qui lui a été faite par une autre rédaction. "C'est pour un contrat très court et rien n'est signé", a-t-elle précisé, sans vouloir donner le nom du média. Elle a ajouté qu'elle cherchait à négocier son départ à l'amiable de LCP depuis quelques temps déjà, mais sans succès.
"Moi, j'ai vécu une agression sexuelle, il ne faut pas tout mélanger"
En janvier dernier, Astrid de Villaines s'était confiée au Parisien sur la réintégration du journaliste à son poste de présentateur vedette. La direction de LCP s'était en effet appuyée sur une enquête interne qui parlait seulement d'actes inappropriés dits "potaches" ou "lourdingues".
Une décision "très difficile à vivre", mais "pas plus que depuis ces trois dernières années", précise-t-elle. Car les faits remontaient à trois ans presque jour pour jour, le 20 novembre 2014, lorsque l'éditorialiste et animateur de LCP aurait bloqué le passage de sa collègue avant de lui toucher les fesses.
"Je suis journaliste politique depuis plusieurs années: les blagues potaches, les plaisanteries lourdingues, je sais ce que c'est. Je n'aurais pas intenté une action en justice pour cela, répondait-elle à ceux qui la soupçonnent d'exagérer la situation. Moi, j'ai vécu une agression sexuelle, il ne faut pas tout mélanger".
Le déclic après Weinstein
Loin de regretter sa décision de porter plainte, Astrid de Villaines s'était dite "soulagée" d'avoir révélé ce lourd secret qu'elle a porté si longtemps. "Après les faits, j'étais extrêmement choquée. Certains m'avaient conseillé de porter plainte mais j'étais comme paralysée, j'avais honte, je voulais oublier cet épisode et j'avais peur des conséquences", racontait la jeune femme.
L'affaire Denis Baupin a été "un premier déclic" et l'affaire Weinstein, suivie du mouvement #BalanceTonPorc, un second. "Je ne pouvais plus me taire", assurait-t-elle.
Certaines personnes étaient pourtant témoins des faits qui se sont produits à la rédaction. "Une confrontation a été organisée dans le bureau du directeur de la rédaction. Mon agresseur a nié les faits. Il disait sans me regarder dans les yeux qu'il m'avait "juste touché les genoux", a-t-elle rapporté. J'ai maintenu ma version des faits. A la fin de la conversation, il a proposé d'aller m'acheter un pain au chocolat pour, disait-il, 'oublier tout ça'".
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