Incroyable découverte issue du désert de Gobi, en Mongolie : le fossile d’une toute nouvelle espèce de dinosaure, aux caractéristiques physiques étonnantes, vient d’être révélé au public grâce à l’action du synchrotron européen, à Grenoble. Situé à mi-chemin entre le cygne et un reptile (avec un petit air de pingouin), cet étrange dinosaure pourrait bien changer notre conception de l’évolution…

 

Un prédateur semi-amphibie, à mi-chemin entre le vélociraptor et le cygne

La découverte de cet incroyable dinosaure, au physique hors-du-commun, est à marquer d’une pierre blanche sur le calendrier des trouvailles scientifiques. Menée par le synchrotron européen de Grenoble (ESRF), l’analyse de ce fossile inédit a révélé bien des surprises.

Imaginez le cou d’un cygne, la tête d’un canard, la queue et la « griffe tueuse » d’un vélociraptor, ainsi que des nageoires en guise de bras. Maintenant, mixez le tout, et vous obtenez le Halszkaraptor escuillie, un dinosaure semi-amphibie hors du commun.

Premier dinosaure semi-amphibie jamais découvert, cette nouvelle espèce, dont on ne répétera pas le nom pour plus de fluidité dans la lecture de cet article, était aussi douée sur terre que sous l’eau. Paul Tafforeau, l’un des paléontologues responsables de l’analyse du fossile, déclare : « Il était sans nul doute capable de courir très efficacement sur Terre, contrairement au canard […] Il pouvait aussi se déplacer dans l’eau, comme les pingouins, en utilisant son long cou pour chercher de la nourriture ou pour pêcher en embuscade ».

Vincent Beyrand, officiant à l’ESRF, indique quant à lui : « L’analyse a démontré que de nombreuses dents, dont aucune n’est visible à l’extérieur, sont toujours présentes dans les mâchoires. […] Nous avons également identifié un système neuro-vasculaire à l’intérieur du museau, qui ressemble à celui des crocodiles modernes. Ce qui suggère que Halszka était un prédateur aquatique ».

 

Un fossile sous le joug de l’illégalité

Si cet étonnant vestige a été découvert dans le sud de la Mongolie, c’est qu’il a été la cible de chasseurs de fossiles. La ville de Ukhaa Tolgod, bien connue des paléontologues, attire en effet toutes sortes de fouilleurs, qui comptent bien revendre aux plus offrants leurs trouvailles, pourtant si importantes aux yeux de la communauté scientifique.

Pascal Godefroit, membre de l’Institut Royal des sciences naturelles de Belgique à Bruxelles, déclare : « Le commerce illicite des fossiles constitue un défi pour la paléontologie moderne ». Et de continuer : « Exporté illégalement de Mongolie, Halszka a séjourné dans des collections privées dans le monde entier avant d’être acquis en 2015, et offert aux paléontologues pour étude et pour préparer son retour en Mongolie ». Le squelette du prédateur a donc bien voyagé avant d’arriver aux mains de la science !

Analysé grâce à l’oeil expert du synchrotron de Grenoble

Si la découverte de ce fossile est, majoritairement, due aux chasseurs de fossiles, c’est le Synchrotron de Grenoble qui a procédé à son analyse. La méthode d’imagerie utilisée ? La microtomographie multi-résolution par rayons X. Si ces termes compliqués ne vous disent rien, c’est normal. Paul Tafforeau, encore lui, explique : « C’est actuellement la méthode la plus performante et la plus précise pour révéler les plus infimes détails d’un fossile sans l’endommager ». L’authenticité de ce fossile, au regard de ses étranges caractéristiques, était en effet à prouver. Au final, « le squelette n’était pas un composite assemblé à partir de différentes parties de dinosaures », continue M. Tafforeau. Ce dinosaure vieux de 75 millions d’années a donc bel et bien existé, et s’est même imposé au sein du clade des Théropodes (duquel fait partie le T-Rex et le Velociraptor).

Si la découverte de ce fossile constitue une véritable avancée pour la paléontologie, elle demeure aussi un vibrant hommage aux membres de cette science si déterminante à la connaissance de notre belle planète. La première partie de son nom, Halszakaraptor, provient directement de la défunte paléontologue polonaise Halszka Osmólska, spécialisée dans l’étude des dinosaures du désert de Gobi, tandis que la seconde, escuillie, fait référence à François Escuillié, patron de l’entreprise d’Eldonia. Il a, selon Khishigjav Tsogtbaatar de l’Institut de Paléontologie et de Géologie d’Oulan-Bator, joué un « rôle dans la première reconnaissance […] de ce fossile et pour ses efforts pour [son] retour en Mongolie ». Un dinosaure qui fera sans doute date dans l’histoire de la paléontologie, d’autant que son étude a été publiée dans la revue Nature.

Le désert de Gobi, là où a été récupéré initialement le fossile de cet étrange dinosaure.
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