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Erol Önderoglu, le correspondant de RSF en Turquie arrêté

Erol Önderoglu a été incarcéré avec un journaliste et une activiste des droits de l’homme

Par  (Istanbul, correspondance)

Publié le 21 juin 2016 à 02h45, modifié le 21 juin 2016 à 12h32

Temps de Lecture 2 min.

Erol Önderoglu, journaliste franco-turc et correspondant de Reporters sans frontières (RSF) en Turquie, le 2 mars.

L’un des plus fervents défenseurs de la liberté de la presse en Turquie vient de passer sa première nuit en prison. Erol Önderoglu, journaliste franco-turc et correspondant de Reporters sans frontières (RSF) en Turquie, a été arrêté lundi 20 juin à la suite de son audition par un tribunal d’Istanbul dans le cadre d’une enquête lancée à son encontre pour « propagande terroriste ». M. Önderoglu a été incarcéré en même temps que deux autres personnalités visées par le même chef d’accusation : le journaliste et écrivain Ahmet Nesin et la présidente de la Fondation pour les droits de l’homme de Turquie, Sebnem Korur Fincanci.

Comme eux, Erol Önderoglu avait pris part, avec de nombreux autres représentants du monde intellectuel turc, à une campagne de soutien au quotidien Özgur Gündem, lié au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation armée en guerre contre l’Etat turc depuis 1984. A partir du 3 mai, ces personnalités s’étaient succédé jour après jour au poste de rédacteur en chef du journal afin de protester symboliquement contre la multiplication récente des atteintes à la liberté de la presse en Turquie, notamment vis-à-vis des médias émanant du mouvement kurde. Parmi les 44 participants à cette campagne, 37 font désormais l’objet d’enquêtes judiciaires.

En poste depuis 1996

Le 18 mai, jour de « garde » de M. Önderoglu à la tête du journal kurde, trois articles portant sur le conflit meurtrier toujours en cours dans le sud-est, à majorité kurde, de la Turquie entre le PKK et les forces de sécurité turques, ainsi que sur les divisions intestines qui travailleraient ces dernières étaient parus. Ils lui vaudront d’être accusé quelques jours plus tard de « propagande » pour la guérilla kurde.

« Ironiquement, Erol Önderoglu a été la cible d’un instrument de répression qu’il a toujours combattu. L’accusation de propagande terroriste est utilisée par le pouvoir turc pour discréditer et faire taire ses critiques », note Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale à RSF, à Paris. En poste à Istanbul pour RSF depuis 1996, membre du conseil de l’International Freedom of Expression Exchange, reconnu pour son minutieux travail de documentation, Erol Önderoglu a collaboré avec l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Il est aussi le coordinateur de bilans trimestriels sur l’état de la liberté de la presse en Turquie, publiés par Bianet, un média numérique indépendant qu’il a contribué à mettre sur pied.

« Un exemple »

Si l’accusation de propagande terroriste, de même que celle d’insulte au président de la République, est fréquemment utilisée à l’encontre des journalistes en Turquie, elle est beaucoup plus rarement suivie par les juges d’une décision de mise en détention provisoire. Selon Johann Bihr, « le juge a voulu faire un exemple. Cette décision, particulièrement sévère, prise à l’encontre d’une personnalité jouissant de nombreux contacts internationaux vise à montrer que personne n’est plus à l’abri ».

Dans la Turquie en guerre de Recep Tayyip Erdogan, où plusieurs villes kurdes ont été ravagées par les combats entre l’armée et le PKK et où les grandes villes sont régulièrement frappées par des attentats revendiqués par la rébellion kurde, l’arrestation d’Erol Önderoglu est aussi un coup porté à la convergence entre les revendications de la minorité kurde et le combat des démocrates turcs.

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