Filière de Strasbourg : peines maximales requises contre 4 des 7 jihadistes

    La peine requise a une valeur plus que symbolique. Le procureur a requis lundi dix années de détention, la peine maximale, contre quatre des sept Strasbourgeois jugés pour un séjour de quelques mois en Syrie, parlant d'actes d'une «extrême dangerosité».

    En livrant un réquisitoire d'autant plus implacable qu'il était déroulé sans la moindre emphase, Nicolas Le Bris a scindé en deux groupes cette «filière de Strasbourg», jugée depuis un peu plus d'une semaine pour association de malfaiteurs en vue de commettre un acte de terrorisme.

    Deux groupes, deux attitudes

    Ces deux groupes étaient déjà apparus nettement devant le tribunal, l'un étant constitué de quatre jeunes hommes barbus, souvent narquois, regroupés dans un box, et faisant face à trois hommes glabres, arborant des mines plus sombres.

    Contre Karim Mohamed-Aggad, dont le frère Foued a tué au Bataclan, et Radouane Taher, décrits comme les meneurs de ce groupe de Strasbourgeois, il a demandé dix ans de détention et une peine de sûreté de deux tiers, empêchant toute remise en liberté pendant cette durée.

    Même exigence contre les frères Ali et Mohamed Hattay, qui, selon le procureur, ont surtout quitté la Syrie parce qu'ils avaient été livrés par un passeur à la police turque.

    Le procureur a été légèrement moins dur (huit années de détention et une peine de sûreté des deux tiers) contre Mokhlès Dahbi, Miloud Maalmi et Banoumou Kadiakhe, et seulement, a-t-il averti, parce qu'ils avaient passé un peu moins de temps en Syrie que leurs amis: deux mois contre un peu plus de trois pour les autres.

    Tous ont été impliqués dans des combats

    A part cette différence dans la durée du séjour, le procureur a estimé que les sept hommes étaient également «déterminés» à rejoindre un groupe jihadiste en Syrie, pareillement à l'aise pendant la période passée dans les rangs de Daech, et tous impliqués dans des combats sur place.

    Il a aussi minimisé le rôle du recruteur Mourad Farès, dont il a été sans cesse question au cours du procès, lui reconnaissant une «influence» sur le départ fin décembre 2013 des jeunes gens, mais soulignant que ceux-ci avaient fait les préparatifs seuls.

    Si Mokhlès Dahbi et Miloud Maalmi ont encaissé le réquisitoire tête baissée, face à eux Karim Mohamed-Aggad est resté très composé. Lors d'une suspension d'audience, il a toutefois interpellé ses proches dans la salle: «Moi pour trois mois (en Syrie, ndlr) je dois prendre dix ans? Et pour ceux qui ont passé six mois, quoi? La guillotine?»