Eurofins tire les leçons de sa stratégie d’acquisition
Le spécialiste français des analyses scientifiques Eurofins, numéro un mondial dans l’agroalimentaire, a historiquement crû en s’emparant de laboratoires à redresser. Mais il tend à changer de méthodes, après une expérience douloureuse en France : le rachat du lillois IPL.
Depuis sa création en 1987, le fournisseur nantais de services d’analyse Eurofins Scientific s’était fait une spécialité : racheter des laboratoires non profitables qu’il redresse et met aux normes du groupe en un temps record. Une stratégie qui lui a réussi jusqu’alors.
Tous les cinq ans environ, le groupe a doublé son chiffre d'affaires, en s’appuyant aussi sur une croissance organique forte grâce au dynamisme de ses trois marchés (agroalimentaire, pharmacie et environnement) et à ses investissements sur ses sites, lui permettant d’intégrer les coûts de restructuration nécessaires. Pour 2014, le groupe a publié des résultats en ligne avec ses ambitions : un chiffre d'affaires de 1,41 milliard d'euros en croissance de 15,1%, dont 6% de croissance organique, le reste étant apporté par les 17 acquisitions bouclées l’an dernier à travers le monde, et un bénéfice net en hausse de 9,6% à 79,1 millions d'euros.
VOS INDICES
source487.49 =
Mars 2024
Graines de soja - Etats-Unis
$ USD/tonne
133.8 =
Décembre 2023
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 10.12 − Filet d'escalope de poulet standard UVCI
Base 100 en 2015
143.9 =
Décembre 2023
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 10.51 − Lait liquide et crème de lait
Base 100 en 2015
En bonne voie pour atteindre les 2 milliards d’euros de chiffre d'affaires espérés en 2017, même s’il doit encore faire un effort sur sa rentabilité opérationnelle s’il veut atteindre une marge ajustée d’Ebitda de 20% dans deux ans, contre 18,5% à l’heure actuelle.
L’équilibre financier d’IPL espéré pour cette année
Mais il fait encore les frais de sa dernière grande opération réalisée en France : l’acquisition fin 2011 pour un montant non dévoilé des laboratoires IPL, une filiale de l’Institut Pasteur de Lille. Une mariée au beau réseau de 14 laboratoires disséminés à travers la France, leader français du marché de l’analyse de l’eau... qui enregistrait alors des "pertes colossales", équivalant à près de 10 millions d'euros de pertes opérationnelles et de frais de restructuration.
Au terme d’une lourde restructuration, Eurofins s’étant séparé de 420 des 745 salariés d’IPL, cette entité devait retrouver l'équilibre dès la fin 2012, espérait son PDG Gilles Martin. Entre conflits sociaux, réorganisation des laboratoires autour d’un hub à Maxéville (Meurthe-et-Moselle) et six laboratoires satellites, mise en place de process et dénonciations de contrats déficitaires, le chiffre d'affaires de l’entité a chuté de cinquante à une quarantaine de millions d’euros, et la restructuration s’est prolongée...
En 2014, elle a encore coûté à Eurofins près de la moitié des 30 millions d’euros de frais de restructuration endossés par le groupe. Ce dernier espère désormais voir les ventes d’IPL repartir et voir la division atteindre l’équilibre financier cette année. Son offre a été repositionnée vers une clientèle industrielle privée, afin d’être moins dépendante des appels d’offres publics.
De nouvelles proies plus chères mais profitables
Eurofins a tiré des leçons de cette expérience. Dans les acquisitions réalisées depuis, la part des laboratoires à restructurer pèse de moins en moins lourd. Le Nantais n’hésite plus à racheter des structures matures et déjà profitables, certes plus chères (avec des multiples d’Ebitda de 1,7 en moyenne l’an dernier, contre 0,8 en 2012), qu’il est désormais en mesure de s’offrir, relève son directeur financier Hugues Vaussy.
C'est le cas de ViraCor-IBT (sa plus grosse acquisition jamais réalisée, à 255 millions de dollars) et Boston Heart, deux entreprises américaines qui lui permettent de pénétrer le prometteur marché de l’analyse en diagnostic de spécialités.
Gaëlle Fleitour
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