GAZA - Malgré l'interdiction de cette manifestation par les autorités, plusieurs milliers de personnes (entre 5000 et 10.000 selon les organisateurs) se sont rassemblées samedi 19 juillet à Barbès, dans le nord de Paris, pour exprimer leur soutien aux Palestiniens de Gaza. Des heurts ont éclaté avec les forces de l'ordre. En province, des milliers de manifestants ont défilé dans le calme.
Le président de la République avait lui-même lancé une mise en garde, depuis le Tchad où il se trouve en visite officielle, avertissant que "ceux qui veulent à tout prix manifester en prendront la responsabilité". "J'ai demandé au ministre de l'Intérieur que ces manifestations (à Paris) ne puissent pas se tenir", a souligné François Hollande, notant que cela "n'empêchera pas d'autres moyens d'expression".
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La préfecture de police de Paris avait interdit cette manifestation en évoquant des "risques graves de trouble à l'ordre public" après les heurts du 13 juillet devant deux synagogues, en marge d'un autre rassemblement.
Peu après 14h, plus d'une centaine de militants, certains munis de pancartes, étaient déjà massés sur le carrefour situé non loin de la Gare du Nord. "Nous sommes tous des Palestiniens" ou "Palestine vivra, Palestine vaincra", ont-ils scandé, sous l’œil de très nombreux CRS. Le cortège initial était prévu à 15h. Des dizaines de cars de police étaient stationnés de chaque côté du métro aérien à Barbès. Plusieurs avenues étaient coupées à la circulation, provoquant des embouteillages.
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Aux alentours de 16h, des manifestants ont jeté des projectiles, des cailloux et des bouteilles sur les forces de l'ordre. Les policiers ont répliqué avec des gaz lacrymogènes, provoquant des mouvements de foule dans les petites rues autour du carrefour Barbès. Selon eux, au moins une personne a été blessée.
Selon une source policière, 38 personnes ont été interpellées pour "jets de projectiles, violences contre les forces de l'ordre et outrage". 17 policiers et gendarmes ont été blessés, a annoncé le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve dans un communiqué.
Dans son communiqué, Bernard Cazeneuve "condamne fermement les violences commises" boulevard Barbès et "constate que les mesures opportunément prises et les moyens engagés ont permis de circonscrire les incidents hélas prévisibles, mais tout à fait maîtrisés puisqu'aucun dégât sérieux n'est à déplorer", alors que la décision d'interdire la manifestation fait polémique.
Dans une grande confusion, plusieurs poubelles ont été jetées à terre et de nombreux magasins du quartier ont baissé leur rideau, dans une atmosphère rendue irrespirable par les gaz lacrymogènes. Au moins deux drapeaux israéliens ont été déchirés et brûlés, sous les applaudissements de la foule.
Rassemblement à Lille, Lyon, Avignon, Strasbourg
Plus de 5000 personnes à Lyon, 1700 à Saint-Etienne, 600 à Clermont-Ferrand, 1500 à Avignon, 1300 à Strasbourg, ont aussi défilé samedi dans le calme en agitant des drapeaux palestiniens.
A Lyon, où le défilé a pris du retard au démarrage, de nombreux militants prenaient le micro sur une camionnette en tête de cortège en scandant "Israël assassin". De nombreux jeunes, dont des femmes voilées, portaient le drapeau palestinien ou des keffieh sur les épaules. Certains scandaient "interdiction de la LDJ (Ligue de Défense Juive)" accusée d'avoir attisé des violences en marge du défilé Palestinien près de la synagogue de la rue de la Roquette à Paris dimanche dernier.
Un militant de l'Union Juive Française pour la Paix qui prenait le micro sur la camionnette s'est brièvement fait huer par une partie des manifestants avant de se faire applaudir après avoir dénoncé "la prétendue guerre contre le Hamas qui n'est rien d'autre qu'une guerre contre un peuple qui demande sa liberté".
En tête du cortège strasbourgeois, plusieurs dizaines de manifestants brandissaient une large banderole où l'on pouvait lire: "Palestine urgence! Contre le mur et l'occupation - pour le respect du droit international - engagement immédiat de l'Europe!". D'autres manifestants arboraient des photos des destructions à Gaza causées par les bombardements israéliens, lisaient à haute voix des noms de victimes ou portaient des drapeaux palestiniens.
Un rassemblement était aussi organisé à Lille :
Des milliers de manifestants à Londres
Outre-Manche aussi, des manifestants se sont mobilisés contre l'opération israélienne à Gaza et en faveur du peuple palestinien. A Londres, ils étaient plusieurs milliers à s'être rassemblés, comme le rapportent nos confrères du HuffPost britannique sur Twitter:
La manifestation organisée à l'appel de sept associations parmi lesquelles Stop the War, Palestine Solidarity Campaign ou Islamic Forum of Europe, a débuté à 13h (heure française), sous un ciel gris et humide, devant les grilles du 10 Downing Street, cabinet et résidence du Premier ministre. Le cortège s'est ensuite mis en route pour se rendre jusqu'aux abords de l'ambassade d'Israël, située dans le quartier de Kensington, dans l'ouest de la capitale.
Des orateurs, parmi lesquels la député travailliste Diane Abbott, se sont succédé à la tribune et plusieurs ont dénoncé l'interdiction par le gouvernement français de la manifestation parisienne: "Honte au gouvernement français qui a interdit une manifestation", a dit au micro l'un d'entre eux, donnant lieu aux huées de la foule.