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Burkina Faso : le président refuse de démissionner malgré les violences

Des manifestants burkinabés comparent le président Compaoré au virus Ebola.

Des manifestants burkinabés comparent le président Compaoré au virus Ebola.

Photo : ? Joe Penney / Reuters

Radio-Canada

Le président Blaise Compaoré, au pouvoir depuis 27 ans, entend rester au pouvoir jusqu'à l'élection d'un nouveau chef d'État, rejetant ainsi les appels de l'opposition à sa démission.

Sur fond de violences et de crise politique, l'armée du Burkina Faso a annoncé jeudi la dissolution de l'Assemblée nationale et la mise en place d'un organse de transition pour une durée de 12 mois à la tête du pays. Elle a aussi instauré un couvre-feu nocturne dans l'ensemble du pays.

Un peu plus tôt, le président Blaise Compaoré a décidé de dissoudre le gouvernement et d'imposer l'état de siège, après une journée de manifestations hostiles à son projet de réforme constitutionnelle. Il a fait savoir qu'il dirigerait un gouvernement transitoire.

Compaoré avait également annoncé l'ouverture de négociations avec l'opposition et a appelé cette dernière à mettre fin aux manifestations. Cette initiative a été aussitôt rejetée par l'opposition, qui a appelé à la poursuite du mouvement de protestation.

Un coup d'État, selon l'opposition

Le départ du pouvoir du président Blaise Compaoré est « un préalable non négociable », a affirmé Bénéwendé Sankara, un ténor de l'opposition, qui a qualifié de « coup d'État » la prise de pouvoir de l'armée.

Pendant 27 ans, Blaise Compaoré a roulé tout le monde dans la farine. Là, il est encore en train de duper, de ruser avec le peuple. Il y a longtemps que nous disons qu'il doit rendre sa démission. Son départ est un préalable non négociable. 

Une citation de L'opposant Bénéwendé Sankara

Le chef de l'État contesté a annulé l'état de siège qu'il avait décrété quelques heures plus tôt. Après quelques heures de confusion durant lesquelles on ignorait si M. Compaoré allait s'accrocher au pouvoir, voire où il se trouvait, le président s'est exprimé brièvement à la radio et à la télévision pour affirmer qu'il était toujours aux commandes, et qu'il ne démissionnerait pas.

L'armée n'a pas dit si le président a été évincé ou pas, de même qu'elle n'a pas précisé qui prendra la tête de l'organe de transition. 

Journée mouvementée

Des milliers de manifestants ont pris d'assaut et incendié le parlement ce matin à Ouagadougou, la capitale. Le gouvernement a dû retirer un projet de révision constitutionnelle que les députés devaient examiner dans la journée.

L'opposition évoque une trentaine de morts et une centaine de blessés. L'AFP n'a pu confirmer que quatre victimes et six blessés graves.

Des manifestants burkinabés investissent le siège du Parlement.

Des manifestants burkinabés investissent le siège du Parlement.

Photo : Joe Penney/Reuters

Ce texte controversé aurait permis au président, au pouvoir depuis 1987, de briguer un nouveau mandat. La Constitution, rédigée en 2000, limite à deux quinquennats le nombre de mandats présidentiels.

Des manifestants ont également investi le siège de la télévision publique, la contraignant de cesser d'émettre, tout comme la radio nationale. 

L'ambassade canadienne à Ouagadougou a décidé de fermer temporairement ses portes.

Tractations

Le général en retraite Kouamé Lougué, soutenu par les manifestants, a rencontré en après-midi l'état-major des armées, Nabéré Honoré Traoré, ainsi que les plus hauts gradés du pays.

Lui-même ancien chef d'état-major des armées et ministre de la Défense, avant d'être limogé par Compaoré en 2003, Kouamé Lougué avait été reçu un peu plus tôt par le Mogho Naba, le « roi » des Mossi, une autorité morale respectée dans le pays. Blaise Compaoré est issu de l'ethnie mossi, la plus importante au pays.

L'opposition devait également rencontrer le « roi » des Mossi en début de soirée.

Un émissaire de l'ONU à Ouagadougou

Blaise Compaoré, président du Burkina Faso

Blaise Compaoré, président du Burkina Faso

Photo : La Presse canadienne / Anja Niedringhaus

Inquiète de l'évolution de la situation au Burkina Faso, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a décidé de dépêcher un émissaire dans ce pays pour tenter de mettre fin aux violences 

M. Ban « appelle toutes les parties à mettre fin aux violences, à exercer leur calme et leur retenue, et à utiliser le dialogue pour résoudre les problèmes en suspens », selon son porte-parole.

Le président Blaise Compaoré a pris le pouvoir au Burkina Faso le 15 octobre 1987, à la faveur d'un coup d'État. Une Constitution est mise en place en 1991 et M. Compaoré assure deux mandats de sept ans, des septennats. Une nouvelle Constitution est adoptée en 2000, limitant le nombre de mandats présidentiels à deux, en plus de ramener leur durée de sept à cinq ans.

Avec les informations de Reuters, Agence France-Presse et Associated Press

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