Essai McLaren 650S : Hulk
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par Jacques Warnery

Essai McLaren 650S : Hulk

Les deux partagent la même couleur et affichent de sérieuses prédispositions pour l'ambivalence.

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Quand le super héros de chez Marvel se transforme en monstre vert sous le coup de la colère, la 650S Spider se couvre ou se découvre à l'envi et devient loup ou agneau d'une simple rotation de deux molettes. Une supercar dont la schizophrénie fascine. Explications.

En ce début de mois de décembre, les températures proches de zéro et cette sournoise bruine qui ne nous quitte pas depuis ce matin, rendent ces étroites routes de la région du Vexin aussi piégeuses que glissantes. A bord d'une propulsion de 650 ch facturée plus de 260 000 € avec ses options, cela peut vite rendre un peu nerveux voire même devenir scabreux. Pourtant, cette McLaren 650S Spider me met rapidement à l'aise. Sur une chaussée au revêtement digne d'un champs de mines, ma belle anglaise d'un jour semble littéralement flotter au dessus de la route à la manière d'une bonne berline moelleuse, sans jamais malmener mes vertèbres. La douceur des commandes me fait vite oublier que je suis à bord de l'un des engins les plus performants de la planète. Et l'accélérateur d'une progressivité incroyable en mode Winter, rend le dosage enfantin. Et pourtant, le V8 biturbo de cette 650S Spider est un vrai baril de poudre, croyez moi...

Dans ces conditions peu propices à mettre une supercar dehors, cette McLaren est d'une incroyable facilité pour une auto aussi performante. Son secret tient dans ces deux molettes situées sur la console centrale. La première concerne les réglages châssis selon divers paramètres : suspensions, direction et seuil de déclenchement de l'ESP. La seconde s'intéresse à la partie moteur, en influant sur la réactivité du bloc, l'accélération ainsi que la gestion de la boîte à double embrayage ou encore l'activation du mode manuel. Ces deux entités étant réglables selon trois programmes distincts : Normal, Sport ou Track. Sans oublier le mode Winter et l'aérodynamique active. Évidemment, cette électronique omniprésente tient une part importante dans la double, ou devrais je plutôt dire triple, personnalité de cette 650S Spider. Mais pas seulement.

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Elle est surtout le résultat d'une mise au point poussée à l’extrême et d'un souci du détail maladif. Un trait de caractère que porte en lui l'un des responsables de cette renaissance de la branche "Automotive" de McLaren : Ron Dennis. En lançant la MP4-12C en 2011, la firme s'est fixée des ambitions qualitatives et une finalité qui auraient pu faire sourire la concurrence : construire la supercar la plus aboutie du marché. Un objectif pour le moins ambitieux, surtout de la part d'une marque qui part de zéro et refuse tout partenariat technique avec un quelconque constructeur. Mais Ron Dennis et ses hommes n'ont pas pour habitude de passer pour des plaisantins et McLaren profite d'une réelle aura. Résultat des courses, la firme anglaise a pris soin de choisir les meilleurs sous-traitants du milieu en leur priant de respecter un cahier des charges draconien, comme à l'époque de la mythique McLaren F1 du début des années 90. Le moteur V8 3.8 biturbo provient de chez Riccardo et la boîte robotisée à double embrayage de chez Graziano. L'arsenal technique est à la hauteur des ambitions de la marque : coque en carbone et châssis proactif dépourvu de barres anti roulis, qui gère les mouvements de caisse en temps réel, grâce aux amortisseurs interconnectés entre eux par un système hydraulique. Vous l'aurez compris, les anglaises fantasques, assemblées à la hâte, mal finies, à la fiabilité aléatoire et semblant toutes sorties d'usine le vendredi après midi, ce n'est pas vraiment le genre de la maison. La berlinette signée McLaren profite d'un processus de fabrication clinique voire chirurgical, que la plus rigoureuse des allemandes pourrait lui envier.

Cette obsession de la perfection se retrouve également dans l'évolution constante du produit. A l'instar d'une Nissan GT-R, la berlinette anglaise profite d'améliorations permanentes. Née MP4-12C en 2011 avec 600 ch, elle est devenue 12C début 2013 en portant sa puissance à 625 ch, avant de devenir 650S pour le dernier Salon de Genève. Profondément restylée, cette dernière mouture entend corriger la réputation de relative froideur qui collait aux pneus de sa devancière, en ajoutant une pincée de piments à la recette originelle. La face avant rappelle désormais celle de la grande sœur P1, grâce à son regard en amande et sa personnalité plus affirmée. Les ouïes latérales sont redessinées, l'ensemble de la carrosserie apporte plus d'appui et le système d'ouverture des portes abandonne la fonction tactile pour un système plus conventionnel. Les plus critiques reprochaient à la 12C une certaine retenue face aux exubérantes berlinettes estampillées Lamborghini. La 650S y apporte donc un soupçon de caractère supplémentaire, tout en conservant des formes plus douces et une certaine discrétion par rapport à la concurrence italienne. Enfin, façon de parler, au vu du nombre de smartphones dégainés lors de notre essai pour immortaliser notre 650S Spider, qui arborait une superbe livrée Mantis Green.

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L'habitacle reste pratiquement identique à celui de la 12C et l'ambiance épurée prédomine : vaste compte tours central, instrumentation essentielle et tachymètre digital. A ce titre, il manquerait presque un rappel façon vision tête haute, permettant de voir instantanément sa vitesse sans quitter la route des yeux. Étant donné la capacité de l'engin à la faire défiler, cela n'aurait rien d'un luxe, croyez moi ! Ce détail mis à part, l'ergonomie générale est parfaitement étudiée pour vous faciliter la conduite. Les sièges électriques et à mémoire (3 240 €) assurent une position absolument irréprochable et le volant réglable électriquement (1 640 €) s'adapte à tous les gabarits. La climatisation déportée sur les portes à ouverture a élytre ajoute sa touche d'originalité, mais les rangements manquent à l'appel. Et pas la moindre trace de boîte à gants... Enfin, la console centrale comprend les deux fameuses molettes dont la rotation commande les modes de conduite, plus un écran (illisible en plein soleil) dont l'interface divertissement demande un peu d'habitude. Sans oublier bien sûr le bouton de mise à feu du moteur.

La sonorité sourde met tout de suite dans l'ambiance. Surtout que le Spider propose une petite vitre arrière ouvrante, permettant d'amplifier le concert même avec le toit en place. Pourtant, la McLaren met tout de suite à l'aise, même si la mauvaise vision périphérique et la garde au sol limitée n'en font évidemment pas une citadine accomplie. Et on ne parle pas des dos d'ânes... Le système lift, qui relève le train avant, est d'ailleurs vivement conseillé (4 320 €). La facilité de prise en main étonne, tout comme la faculté de la boîte à égrener ses rapports sans aucun à coups en mode normal.

Une route dégagée m’incite à libérer la cavalerie et à mettre les curseurs sur Sport. Discret, voire atone à très bas régimes, le V8 joue alors patte de velours. Dès 3 000 tr/min, les sifflements de turbo qui montent en pression mettent la puce à l'oreille. La poussée commence également à se faire sentir. Mais c'est à partir de 4 000 tr/min que l'ouragan se déchaine et vous broie les cervicales, dans une accélération de plus en plus violente, jusqu'au limiteur fixé à 8 500 tr/min. Bien que plus rageur à l'approche de la zone rouge, plus poétique et musical, le V8 atmosphérique de la 458 Italia est battu à plate couture. Une fois la procédure de launch control enclenchée, la 650S mord le bitume et passe de l'arrêt à 100 km/h en 3 secondes pile, file à 200 km/h en 8,6 secondes et franchit la barre des 300 km/h en 26,5 s. Certes, ces temps sont validés avec les pneumatiques optionnels Pirelli P Zero corsa, qui permettent de gagner une once de motricité et deux ou trois dixièmes au démarrage, mais bon... Pour en arriver là, le V8 3.8 biturbo, qui répond au nom de code M838T, a profité de quelques améliorations au niveau des culasses, pistons et soupapes d'échappement, tandis que les calages de distribution ont été revus. Suffisant pour revendiquer 650 ch à 7 250 tr/min et un couple de 678 Nm à 6 000 tr/min.

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Un tel ensemble transforme ce bonbon vert de 1 370 kg à sec en véritable catapulte. Il oblige également à projeter son regard le plus loin possible et à faire preuve d'un certain sang froid... Le châssis, dont le système d'amortissement proactif a été recalibré et les ressorts raidis dans le but d'accroitre le dynamisme, marque par sa grande efficacité. Moins tranchante que celle de la 458 Italia, qui se conduit avec les poignets, la direction autorise des mouvements un peu plus amples. Cela ne l'empêche pas de devenir bien plus précise quand le rythme s'accélère. A condition de ne pas surestimer les vitesses d'entrée dans les virage qui vous sautent littéralement au visage, la 650S Spider est d'une efficacité redoutable, même dans ces conditions humides. Encore faut-il faire preuve d'un minimum de retenue avec l'accélérateur, si vous n'avez pas opté pour le mode Winter. Surtout avec un moteur turbo qui délivre une grosse partie de son punch vers 4 000 tr/min... Quelques portions de routes sèches obligent à reparamétrer son cerveau. La McLaren met sans doute un peu plus de distance avec son pilote que la Ferrari 458 Italia, mais elle fait preuve d'une efficacité clinique. Ses disques de freins en carbone semblent inépuisables et ont pour effet de vous lacérer la clavicule, alors que l'aileron arrière actif et l'aérodynamique étudiée donnent l'impression d'aspirer le bitume. Son châssis chirurgical autorise des vitesses en courbes très élevées et son moteur atomique permet d'en ressortir encore plus fort, avec une motricité irréelle malgré l'absence de différentiel autobloquant.

Oui, cette 650S Spider est un outil. Un outil facturé 257 200 €, soit 23 850 € de plus que le coupé plus léger de 40 kg. Mais un outil aussi rigide que ce dernier, grâce à sa monocoque carbone de 75 kg et (pratiquement) aussi efficace. Qui en outre se découvre ou se recouvre en 17 petites secondes jusqu'à 30 km/h, et change de personnalité au gré de ses humeurs. Un peu comme le célèbre personnage de Marvel...

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TAGS : 650S, mclaren

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Pour résumer

Nous avons essayé l'ébouriffante McLaren 650S dans sa variante Spider. Découvrez notre compte rendu complet et toutes nos photos.

Jacques Warnery
Rédacteur
Jacques Warnery

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