Le coup de gueule d’une développeuse contre les hackathons

Le coup de gueule d’une développeuse contre les hackathons

Alex Bayley n’aime pas les hackathons. Elle est développeuse. Elle a 39 ans. Elle n’est pas le premier développeur a critiquer les hackathons, ces événements où les développeurs se réunissent pour créer des prototypes sous forme de...

Par Hubert Guillaud
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Alex Bayley n’aime pas les hackathons. Elle est développeuse. Elle a 39 ans. Elle n’est pas le premier développeur a critiquer les hackathons, ces événements où les développeurs se réunissent pour créer des prototypes sous forme de concours (elle en référence d’autres d’ailleurs à la fin de son billet), mais sa critique est suffisamment complète et synthétique pour pointer la limite de ces dispositifs créatifs (une critique que nous avions également esquissée dans un dossier dédié et à laquelle on peut ajouter celle de Paul Richardet, chef de projet au Numa, une structure qui en accueille beaucoup).

Les hackathons, compétitifs et éphémères

Capture d'cran de l'article d'Alex Bayley
Capture d’écran de l’article d’Alex Bayley - Infotrope.net

Pour elle, les hackathons demandent trop d’engagement. Ils sont intenses et épuisants dans leur forme (un week-end de 48 heures le plus souvent). Ils excluent de fait un certain nombre de participants et cette exclusion n’est pas uniforme (elle défavorise ceux qui ont des enfants et plus généralement les femmes – « Connaissez-vous des hackathons qui organisent des modes de garde pour les enfants  ? » – ainsi que les gens les plus âgés).

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Ils ne sont pas très sains pour la santé (puisqu’ils nécessitent le plus souvent de ne pas dormir, mal manger, ne pas se déplacer…). Ils valorisent la compétition sur la collaboration (« Si vous voulez me faire croire que l’événement est collaboratif, alors n’en faites pas une compétition. »). Ils valorisent la nouveauté sur l’existant (« Le résultat est que les gens construisent des hacks rapides mignons et flashy, mais qui ont peu de profondeurs. »). Et au final, valorisent l’éphémère sur le durable (la plupart des projets ne survivent pas au week-end, et même le code qui y est produit n’est la plupart du temps pas réutilisé ailleurs…).

Un modèle en bout de course ?

Les hackathons sont de bons exercices de relations publiques, un moyen de réseauter, conclut la développeuse. Mais il vaudrait mieux trouver des formes qui permettent de travailler à des projets en cours, afin qu’ils soient maintenus et qu’ils continuent à être utilisés sur plusieurs années :

« Il vaudrait mieux développer des environnements accueillants pour une plus grande diversité de public, permettant à chacun de travailler à son rythme, selon des calendriers qui permettent de participer sans avoir à faire des efforts héroïques pour jongler avec ses autres responsabilités. »

Des rendez-vous réguliers pour développer des projets plus structurants ou existants ne seraient-ils pas plus efficaces  ? La mode est-elle en bout de course, comme le dénonçait le Stupid Hackathon récemment organisé par des étudiants en design ? Ou est-ce le succès de ces formules qui cristallise les critiques ?

Hubert Guillaud
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