POLITIQUE - Cela faisait un mois et demi que ce n'était plus arrivé. Pour la première fois depuis la fin des élections européennes, le bureau politique (BP) de l'UMP du mardi soir n'a tourné ni à la foire d'empoigne ni à la crise de nerf médiatique.
Loin des secousses sismiques de l'affaire Bygmalion, des guerres d'ego et des révélations sur les folles dépenses du parti, le gouvernement du parti conservateur a planché ce 15 juillet sur les élections sénatoriales de septembre. Un scrutin qui pourrait voir la chambre haute rebasculer à droite après la très large victoire de l'UMP aux municipales de mars dernier.
Une fois n'est pas coutume, le bureau politique a même débattu des questions politiques à l'agenda du Parlement. Ce dont s'est félicité Jean-Pierre Raffarin, membre du triumvirat et chargé de présider ce BP.
L'objectif est clair: après des semaines de luttes intestines, l'UMP veut démontrer qu'elle est à nouveau capable de jouer son rôle de premier parti d'opposition.
La purge continue sur fond de plan de départs
Exténués, nombreux sont les belligérants qui militent pour une trêve estivale, quitte à reporter les hostilités à la rentrée parlementaire. Mais entre deux poussées de fièvre, le calme demeure précaire à droite. "Les haines y sont tellement fortes, la marque UMP n'y survivra pas", se désole un député UMP, lassé par les "guerres fratricides".
La purge des proches de Jean-François Copé ou de Nicolas Sarkozy, tous mouillés dans l'affaire Bygmalion, a d'ailleurs été validée ce mardi, même si l'UMP s'est refusée à la confirmer. Déjà mis à pied, Eric Cesari, directeur général, Fabienne Liadze, directrice administrative et financière et Pierre Chassat, directeur adjoint de la communication, devraient tous trois êtres licenciés pour faute grave.
Selon les informations du Lab d'Europe1, quinze départs volontaires (dont celui de Jérôme Lavrilleux) ont également été confirmés lors de ce bureau politique, représentant une économie d'1,5 million d'euros en année pleine.
Un mini-cure d'austérité qui n'allégera qu'à la marge la dette abyssale de 75 millions d'euros dévoilée la semaine dernière.
Quid de la chasse à la taupe?
Pas de nouvelle en revanche de la "chasse à la taupe" annoncée la semaine dernière par un Luc Chatel exaspéré par les boules puantes visant des responsables du parti. L'initiative a eu le mérite de freiner un temps le flot des peaux de banane. Et les appels au calme émanant de la plupart des responsables de l'UMP ont eu ce week-end l'effet d'un cessez-le-feu.
Cela n'a toutefois pas empêché Le Canard Enchaîné de dévoiler dans son édition à paraître ce mercredi que la première épouse de Jean-François Copé aurait fait appel aux services de la société Bygmalion pour le compte d'EDF à hauteur de 165.000 euros.
Selon des sources à l'UMP, le bureau politique de ce mardi devait justement définir les contours de cette mission et arrêter le nom de la personnalité qui en aura la responsabilité. Mais aucun des participants joints par Le HuffPost n'a confirmé que la questions avait été abordée.
Ce matin sur France Inter, le secrétaire général intérimaire de l'UMP avait de nouveau qualifié d'"insupportables" ces fuites et confirmé le principe de cette mission d'inspection. Il a toutefois refusé de donner le nom de la personne chargée de mener cette mission, affirmant réserver ses déclarations au BP du parti.
Promesse d'exemplarité et perquisition à Cannes
En attendant, la direction provisoire de l'UMP promet de donner des gages de transparence et "d'exemplarité" pour redresser l'image du parti. "Nous allons revoir toute la chaîne des frais courants, comme dans n'importe quelle entreprise (...) Pour les frais, les dépenses de transport, on fait d'abord valider au préalable la dépense, on n'est remboursé que si l'engagement des frais a été validé", a affirmé ce mardi matin Luc Chatel tout en jurant de "faire en sorte que les partis politiques changent d'époque".
Manque de chance: on apprenait ce mardi qu'une perquisition avait eu lieu à la mairie UMP de Cannes dans le cadre d'une affaire de détournements de fonds publics, trafic d'influence passif ou abus de confiance.
Lors du bureau politique, certaines économies ont été détaillées, comme "la division par deux" du contrat d'abonnement téléphonique, a-t-on appris dans l'entourage de la direction provisoire. Un montant d'économies de 1,5 million d'euros est déjà en cours, a-t-on dit de même source.
Cette course-poursuite pour trouver de nouvelles économies ne se fait pas sans heurt à l'UMP, où certains élus ne supportent pas de se voir réclamer des arriérés de cotisations. "On me réclame encore 900 euros alors que j'ai donné 1500 euros pour le Sarkothon", s'étrange un parlementaire. Dans une lettre au trésorier du parti dévoilée par Le Lab d'Europe1, la députée Bérengère Poletti exige la transparence totale sur les cotisations des élus (Sarkothon inclus) avant de régulariser sa situation.
Et de prévenir: "Nous n’obtiendrons collectivement jamais de retour à la normale pour notre parti politique si nous ne faisons pas d’effort de transparence".