SYRIE - Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté vendredi 27 septembre une résolution, sa première sur la Syrie depuis le début du conflit, qui contraint le régime de Bachar al-Assad à détruire la totalité de ses armes chimiques en moins d'un an.
"Ce soir, la communauté internationale a rempli sa mission", a commenté le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, à l'issue du vote à l'unanimité de ce texte. "C'est le premier signe d'espoir en Syrie depuis longtemps", a-t-il ajouté, annonçant par ailleurs la tenue mi-novembre à Genève d'une conférence de paix sur la Syrie.
"Le Conseil de sécurité mérite enfin son nom", a affirmé le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius.
Cette résolution fait suite à l'accord conclu à Genève mi-septembre afin d'éviter une intervention militaire en Syrie, une menace brandie par Washington et Paris en réponse à une attaque à l'arme chimique le 21 août. "La fermeté a payé", a estimé Laurent Fabius en rappelant cette menace. "La coopération de la Syrie devra être inconditionnelle, la transparence totale".
Le président américain Barack Obama a qualifié vendredi "d'énorme victoire pour la communauté internationale" l'accord sur cette résolution obtenu jeudi, à l'issue d'âpres négociations, entre Washington et Moscou, fidèle allié de Damas.
Pour le secrétaire d'Etat américain John Kerry, c'est l'occasion d'"éliminer un des plus grands arsenaux chimiques du monde, dans une des régions les plus instables du monde". Mais il y aura des "conséquences" pour le pouvoir syrien s'il ne respecte ses engagements, a-t-il prévenu.
La résolution prévoit dans ce cas la possibilité pour le Conseil de prononcer des sanctions mais elles ne seront pas automatiques: il faudra une deuxième résolution, ce qui laisse à Moscou une possibilité de blocage.
La violente charge de l'ambassadeur syrien contre la France
Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a bien insisté: il faudra "prouver à 100 pour cent" que Damas ne joue pas le jeu et les sanctions devront être "proportionnelles" aux violations. Moscou avait bloqué trois résolutions précédentes pour protéger son allié syrien.
Ulcéré que la France ait organisé jeudi à l'ONU une réunion de soutien à l'opposition syrienne qui avait fait salle comble, l'ambassadeur syrien Bachar Jaafari a dénoncé "l'amateurisme" de la diplomatie française.
L'ambassadeur Bachar Jaafari s'est montré particulièrement irrité par le fait que la France ait organisé jeudi, avec la participation du ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, une réunion dans les bâtiments de l'ONU avec l'opposition syrienne, qui avait fait salle comble.
Le président de la Coalition nationale syrienne Ahmad Jarba s'y était notamment longuement exprimé, évoquant la situation humanitaire dans son pays.
Par cet événement, "la diplomatie française agit de façon plus amatrice que professionnelle", a déclaré l'ambassadeur après le vote, par le Conseil de sécurité, d'une résolution encadrant la destruction de l'arsenal chimique syrien.
"Je conseille aussi au ministre français des Affaires étrangères de lire la résolution avec attention", a poursuivi l'ambassadeur syrien.
"En lisant la résolution, le ministre conclura qu'à partir de maintenant, ni lui ni son pays ne seront autorisés à violer la provision de cette résolution. Cette résolution interdit au gouvernement français d'inciter au terrorisme, d'inciter à la violence en Syrie. Elle interdit à Paris et au ministre des Affaires étrangères de contribuer à aggraver la situation militaire en Syrie en procurant des armes et un soutien politique" à l'opposition, a-t-il ajouté.
"La diplomatie française a commis beaucoup d'erreurs", a martelé l'ambassadeur.
La révolte contre le régime Assad, qui a débuté en mars 2011 et s'est transformée au fil des mois en guerre civile, a fait plus de 100.000 morts.
Sur le terrain, au moins 30 personnes ont été tuées et des dizaines d'autres blessées vendredi dans un attentat à la voiture piégée à Rankous, à 30 km au nord de Damas, a annoncé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Neuf rebelles, une femme et un enfant ont aussi été tués dans un raid aérien contre le village de Hadir, dans la province d'Alep, selon la même source.
Inspection la semaine prochaine
Ban Ki-Moon a annoncé vendredi son intention d'organiser "mi novembre" une conférence de paix sur la Syrie dite de "Genève 2".
Des contacts vont être pris en octobre et le médiateur de l'ONU en Syrie, Lakhdar Brahimi, fera le point des préparatifs fin octobre.
"Genève 2" doit mettre autour de la même table des délégations du pouvoir syrien et de l'opposition pour tenter de former d'un commun accord un gouvernement de transition, en prélude à des élections libres. Mais elle a déjà été reportée plusieurs fois pour des divergences sur ses objectifs et sur les participants.
"Si on veut mettre fin au massacre, avait rappelé Laurent Fabius peu avant le vote, il n'y a pas d'autre solution que de relancer le processus politique".
Le Conseil exécutif de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) avait validé vendredi dans la nuit à La Haye une feuille de route sur la destruction de l'arsenal chimique syrien.
"Nous nous attendons à avoir une équipe sur le terrain en Syrie dès la semaine prochaine", a déclaré le porte-parole de l'OIAC, Michael Luhan.
Tous les sites répertoriés dans la liste remise par la Syrie le 19 septembre à l'OIAC devront avoir été inspectés au plus tard dans 30 jours.
Si la Syrie ne respecte pas ce calendrier, qui prévoit la destruction complète de l'arsenal chimique d'ici à la mi-2014, l'OIAC pourra "soumettre le problème directement à l'attention" de l'ONU.
L'opposition syrienne s'est réjouie vendredi à New York de cette résolution. "Nous aurions aimé une résolution plus claire (...) nous en voulions un peu plus, mais nous pouvons nous en accommoder", a déclaré le président de la Coalition nationale syrienne Ahmad Jarba.
En ce qui concerne Genève 2, "nous voulons y être, mais le but de Genève doit être clair", a-t-il expliqué. "Il s'agit d'une transition vers la démocratie, cela ne doit pas être un dialogue sans fin avec le régime".
Téhéran souhaite participer à une conférence de paix et le fera "de manière active (..) pour le bien du peuple syrien", a déclaré son président Hassan Rohani au dernier jour de sa visite à New York.
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