TOUR DE FRANCE - Et si ce Tour de France 2014 était celui des Français? Après l'abandon d'Andy Schleck lors de la 3e étape, de Chris Froome lors de la 5e étape et celui d'Alberto Contador lors de la 10e étape, la voie s'est considérablement dégagée en haut du classement général.
Si bien que seul l'Italien Vincenzo Nibali, nouveau maillot jaune lundi, demeure désormais le seul favori -annoncé avant le départ- encore en course sur ce Tour.
Mais cette hécatombe parmi les favoris à la victoire finale pourrait bien donner des ailes aux coureurs français, qui n'ont jamais été aussi nombreux dans le top 20 (six) à mi-parcours. Parmi eux, trois peuvent rêver aux places d'honneur à Paris (voir ci-dessous). Et pourquoi pas un maillot jaune tricolore sur les Champs-Elysées, ce qui n'est plus arrivé depuis 1985 et la victoire de Bernard Hinault? Pas impossible, mais ce sera tout de même très compliqué avec la domination de Nibali qui semble débuter sur ce Tour.
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Quinzième du Tour de France l'an passé, il est le Français qui est régulièrement cité en tant que meilleure chance tricolore du peloton cette année. Avant le Tour, Romain Bardet, coleader de la formation française AG2R-La Mondiale avec Jean-Christophe Péraud, avait assuré avoir "le niveau physique pour se bagarrer pour le top 10" tout en restant "prudent" face aux aléas de la course.
"Je redoute un peu la première semaine, avait-il expliqué avant le Tour. A la veille des étapes vosgiennes, je ferai le point et si je suis bien classé, ce sera tout pour le général. Je préfère être prudent, j'ai peur d'une déception dans la première semaine." Au contraire, celle-ci s'est donc très bien déroulée pour l'Auvergnat de 23 ans. Et après les Vosges, le voici solidement ancré à la 4e place du général, à 3 min 01 de Vincenzo Nibali.
Rassuré et très bien placé après ces dix premières étapes, on pourrait désormais voir un Bardet à l'attaque, si l'on se fie toujours à son discours d'avant-Tour: "Je suis arrivé en très bonne forme, il y a 21 étapes donc s'il n'y a pas de gros pépins, j'aurais tout le loisir de m'exprimer. Je ne vais pas me contenter de suivre. J'ai vraiment envie de décrocher une victoire d'étape et il ne va pas falloir faire que suivre pour arriver à cet objectif".
Quoi de plus beau pour un Français que de passer un 14 juillet avec le maillot jaune sur les épaules? Tony Gallopin, qui s'est emparé de la tunique de leader lors de la 9e étape dimanche, l'a finalement abandonnée dès le lendemain soir après la première étape montagneuse entre Mulhouse et La Planche des Belles Filles. Le coureur de l'équipe Lotto-Belisol pointe désormais à la 5e place du classement général, à 3 min 12 du leader italien.
C'est en soi déjà une récompense pour ce coureur de 26 ans qui suit une progression discrète mais assurée pour devenir un coureur complet. Issu d'une famille de cyclistes passionnés, il est l'un des jeunes Français les plus constants depuis quelques années, courtisé par les plus grandes écuries.
"C'est le meilleur Français mais on ne parle pas beaucoup de lui. (Désormais), on va être obligé d'en parler", soulignait dimanche soir son oncle Alain Gallopin, son plus proche conseiller, directeur sportif de l'équipe Trek.
Depuis quelques années, avec son profil de coureur puncheur, il se fait une place dans le peloton, terminant régulièrement dans le top 10. Il ne compte qu'une seule victoire de prestige, sur la Clasica San Sebastian l'an dernier et son maillot jaune de dimanche est le premier sommet de sa jeune carrière.
"Il est toujours gentil, aimable et c'est un bon coureur", loue Marc Sergeant le directeur sportif de l'équipe belge Lotto qu'il a rejointe cette année. "Il est en train de se développer encore. Il a beaucoup maigri pour le Dauphiné et le Tour et on voit clairement qu'il monte beaucoup mieux qu'avant."
"C'est la récompense de beaucoup d'efforts depuis tant d'années. Quand on vit le quotidien d'un sportif, on voit que c'est beaucoup de sacrifices", ajoutait dimanche soir sa compagne Marion Rousse, elle-même cycliste de haut niveau.
S'il n'est plus maillot jaune au soir du 14 juillet, Tony Gallopin s'est en tout cas inscrit dans la lignée du cyclisme tricolore sur le Tour, en devenant le premier Français à le porter depuis Thomas Voeckler en 2011.
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Brillant deuxième de la première étape de montagne lundi -à seulement 15 secondes du vainqueur Nibali-, le Français Thibaut Pinot s'est hissé au 6e rang du général après la 10e étape, à 3 min 47 du maillot jaune.
En fait, Thibaut Pinot n'en finit plus de monter. A 24 ans, il a terminé dans le top 10 de deux des trois grands tours qu'il a déjà disputés (10e du Tour 2012, 7e de la Vuelta 2013). Il faut dire que ses qualités foncières de grimpeur, au potentiel reconnu, plaident en sa faveur.
Seule contre-performance connue pour le moment: son abandon sur le Tour l'an passé dans un contexte d'attente démesurée autour de lui. Depuis, le protégé de Marc Madiot a travaillé pour gommer son appréhension dans les descentes. Il a progressé aussi dans les contre-la-montre comme l'a souligné son récent Tour de Suisse qu'il a terminé à une place peu significative à cause d'une bronchite (15e).
Christian Guiberteau, l'un des responsables de l'équipe Giant engagée sur le Tour, est catégorique parmi la classe française cette année: "Je ne vois que Thibaut Pinot". De son côté, Philippe Mauduit, qui dirige l'équipe Tinkoff (celle de Contador), voit le Français dans les hauteurs du général: "Pour Pinot, un top 5 serait une belle performance".
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