14-JUILLET - "La popularité, ce n'est pas un talent, c'est un mérite." En 2012, voilà comment François Hollande avait conclu sa première intervention télévisée du 14 juillet. Un an après, la formule peut paraître cruelle pour celui qui concourt au titre peu enviable de président le plus impopulaire de la Ve République.
Tout juste élu à l'Elysée, le chef de l'Etat était alors au zénith dans les sondages, malgré les dossiers brûlants qui s’amoncelaient déjà sur son bureau. Réduction des dépenses, plan social chez PSA, guerre en Syrie, crise au Mali, affaire du tweet de Valérie Trierweiler... Entre les murs dorés de l'Hôtel de la Marine, François Hollande jouait alors les démineurs en surfant sur le thème du "président normal".
Douze mois plus tard, l'exercice s'annonce autrement plus compliqué. Toujours au plus bas dans l'opinion, menacé par une majorité en proie au doute, François Hollande doit (encore) s'exprimer pour rassurer. Au risque de parler pour ne rien dire. L'Elysée, qui voulait marquer le coup tout en minimisant les risques, cherchait à donner une forme originale à cette intervention télévisée.
Ce sera finalement un entretien on ne peut plus classique, capté par France2 et TF1 depuis l'Elysée, en dépit de la promesse de campagne du chef de l'Etat. La preuve que, après les déplacements auprès des Français, les interviews au 20h, les conférences de presse ou les irruptions dans des magazines d'actualité comme Capital, les marges de manoeuvre en matière de communication se font elles aussi de plus en plus étroites.
Du Mali à Delphine Batho en passant par Sarkozy
D'autant que sur le fond, le président n'a pas grand chose à annoncer aux Français. François Hollande devrait revenir sur le plan investissements d'avenir, annoncé en début de semaine, et doté de près de 12 milliards d'euros. Mais il lui faudra également s'expliquer sur le limogeage de sa ministre de l'Ecologie, Delphine Batho, événement qui a durci un peu plus les relations avec les écologistes.
Le chef de l'Etat devra en outre commenter le vrai-faux retour de son grand rival, Nicolas Sarkozy. Au risque de replacer l'ancien président au coeur du jeu politique.
C'est sur le plan diplomatique que François Hollande devrait se sentir le plus à l'aise en ce jour de fête des armées. Encore inexpérimenté l'an dernier sur la scène internationale, le président de la République pourra faire le bilan de l'opération Serval au Mali, intervention militaire décidée en début d'année et qui marqua une brève pause dans l'effondrement de sa cote de popularité.
François Hollande doit notamment déjeuner à l'Elysée avec le président malien par intérim Dioncounda Traoré, alors que les soldats de l'opération Serval seront mis à l'honneur lors du traditionnel défilé militaire, dont le coût a sérieusement été revu à la baisse. Une soixantaine de soldats maliens marcheront notamment sur les Champs-Elysées aux côtés de militaires français dont les unités ont été engagées au Mali. Un détachement de la Minusma, la force de l'ONU à forte composante africaine qui a pris ses fonctions début juillet au Mali, défilera également.
Un signe que, dans l'avalanche de mauvaises nouvelles qui s'abattent sur la France, l'Elysée espère que l'aura d'un Hollande chef de guerre fera un peu oublier ses échecs sur le front du chômage.