NICOLAS SARKOZY - Un ex-président de la République placé en garde à vue, c'est une première sous la Ve République. Mais ces dernières années, les anciens chefs de l'Etat ont connu bien pire en matière de poursuites judiciaires.
Les faits qui pourraient être reprochés à Nicolas Sarkozy ainsi qu'à son avocat et deux autres magistrats sont certes graves. Alors que ses amis politiques hurlent à "l'acharnement" judiciaire, l'ancien président est entendu ce mardi 1er juillet dans une affaire de trafic d'influence présumé, repérée par les autorités grâce à des écoutes téléphoniques ordonnées dans le cadre d'une enquête sur des soupçons de financement illégal.
Nicolas Sarkozy devrait être présenté dans la soirée de mardi à un juge d'instruction en vue d'une possible mise en examen dans cette affaire de trafic d'influence, tout comme son avocat Thierry Herzog et le haut magistrat Gilbert Azibert, avocat général à la Cour de cassation, qui a été présenté à un juge mardi en milieu de soirée. Mais l'ancien président n'est toujours pas mis en examen et à ce titre, pas encore officiellement inquiété dans l'enquête menée par l'office anti-corruption de la PJ. Même si sa mise en examen devait lui être signifiée par les juges d'instruction, celui-ci continuera à bénéficier de la présomption d'innocence.
Une première mise en examen annulée
D'un point de vue purement symbolique, être placé en garde à vue est un signal fort mais qui n'augure pas forcément de suites judiciaires. Au terme de son audition qui peut durer, Nicolas Sarkozy (tous comme les autres protagonistes de l'affaire) peut être relâché sans poursuite ou présenté aux juges qui lui signifieront son statut de témoin assisté. Le troisième scénario est celui d'une mise en examen pour un chef qui devra être déterminé si les magistrats estiment qu'il existe des indices "graves ou concordants".
Quelle que soit l'issue de cette audition, Nicolas Sarkozy a déjà connu pire. Sans même passer par la case garde à vue, l'ancien président de la République avait déjà été mis en examen pour abus de faiblesse dans le volet politique de l'affaire Bettencourt. L'événement, qui avait fait grand bruit, s'était finalement soldé par un non-lieu pour le jeune retraité de la vie politique.
Au rayon des sanctions judiciaires, Nicolas Sarkozy a également vu ses comptes de campagne pour la présidentielle de 202 invalidés par le Conseil constitutionnel en juillet 2013. A ce titre, l'UMP avait perdu le remboursement forfaitaire de 11 millions d'euros. Les Sages avaient également infligé une sanction de 363.615 euros à l'ancien président, amende finalement réglée par son parti.
Chirac, le premier ex-président condamné
Une broutille par rapport à la condamnation hautement symbolique de Jacques Chirac en décembre 2011. Longtemps protégé par son immunité présidentielle, placé sous statut de témoin assisté puis mis en examen, l'ancien chef de l'Etat sera finalement condamné à deux ans de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Paris pour "détournement de fonds publics", "abus de confiance" et "prise illégale d'intérêt", dans l'affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris.
C'était la première (et unique) fois qu'un ancien président était condamné en correctionnelle. Mais son ancien premier ministre, Alain Juppé, avait été condamné dès 2004 à 14 mois de prison avec sursis et à un an d'inéligibilité dans le volet nanterrien de l'affaire, en tant qu'ancien adjoint de Jacques Chirac à la mairie de Paris.
Des anciens présidents soupçonnés mais jamais poursuivis
Si les autres présidents de la Ve République n'ont jamais été inquiétés par la justice, leur nom a parfois été cité dans des affaires au moins aussi graves.
Mort peu de temps après la fin de son deuxième mandat, François Mitterrand a vu ses deux septennats entachés par l'affaire dite des "écoutes de l'Elysée". En 2008, la Cour de cassation a définitivement confirmé la condamnation des sept prévenus, tous liés à l'ancien président, pour avoir procédé à des écoutes de personnalités en vue d'étouffer des scandales susceptibles de gêner le pouvoir.
Valéry Giscard d'Estaing avait lui aussi vu la fin de son septennat bousculée par l'affaire des diamants de Bokassa. Accusé d'avoir reçu des pierres précieuses d'une valeur d'un million d'euros de la part du chef d’État centrafricain, l'ancien président centriste avait perdu l'élection présidentielle de 1981 mais n'a jamais fait l'objet de poursuites judiciaires.