Un ancien SDF, David Sagno, comparaît lundi devant la cour d'assises des Hauts-de-Seine pour le meurtre de deux femmes en 2001 et 2002 au Pont de Neuilly, dont un avait entraîné la condamnation de Marc Machin, finalement innocenté.
Sagno, 37 ans, décrit comme un "mur sans humeur" par son avocat, sera confronté, mardi, à l'homme qui a purgé sept ans de prison pour un meurtre qu'il dit avoir commis. Le procès est prévu jusqu'à vendredi.
Outre Marc Machin, seront entendus les enquêteurs de la brigade criminelle à l'origine de la mise en accusation de ce dernier, notamment le policier qui lui avait extorqué des aveux. Même le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, assistera au procès en qualité d'avocat général, après avoir bataillé en faveur d'une réouverture de l'enquête.
Celle-ci commence le 1er décembre 2001, avec la découverte sur le pont de Neuilly du corps d'une femme de 45 ans, Marie-Agnès Bedot, agressée puis poignardée. Une femme, qui empruntait chaque matin ce chemin, reconnaît de façon quasi certaine Marc Machin.
Agé de 19 ans à l'époque, il avoue les faits en garde à vue, mais se rétractera devant le juge d'instruction. En septembre 2004, il est condamné à 18 ans de réclusion criminelle, peine confirmée en appel l'année suivante et assortie de 12 ans de sûreté.
Trois ans plus tard, David Sagno, alors sans domicile fixe, pousse la porte du commissariat de la Défense pour s'accuser des meurtres de Marie-Agnès Bedot et d'une autre femme, Maria-Judith Araujo.
Cette dernière avait été égorgée avec un tesson de bouteille. Comme pour Marie-Agnès Bedot, David Sagno avait déclaré aux enquêteurs avoir lapé son sang avant de violer sa victime. Son ADN avait été retrouvé sur les corps des victimes.
Selon son avocat, "David Sagno est malade, il se voit faire les choses mais il ne se souvient pas de les avoir vécues".
Grâce à la reddition de Sagno, Marc Machin avait été blanchi par la Cour de révision en 2010 et avait bénéficié d'une remise en liberté. N'ayant pas respecté le suivi socio-judiciaire auquel il était astreint, il est retourné en prison en janvier 2011. Il devra être rejugé par la cour d'assises de Paris, sans doute fin 2012-début 2013.