"Il n'y a point encore de liberté si la puissance de juger n'est pas séparée de la puissance législative et de l'exécutrice" soulignait Montesquieu.
Chacun des pouvoirs doit être respecté. Chacun des pouvoirs doit respecter l'autre. C'est sous condition expresse du respect de cet équilibre que notre démocratie peut illuminer notre avenir. Dans mon livre Vous êtes prioritaires je plaide pour l'unité et la sincérité au service de la France. Je souligne le retour oppressant du "système des partis" qui abîme tout, altère la sincérité et entretient artificiellement la division.
L'opposition ne voit son avenir que dans la destruction de la majorité. Pire, ses chefs autoproclamés guerroient pour le pouvoir sans plus se préoccuper des Français. La majorité ne croit plus à son étoile. Le Premier ministre lui-même évoque le risque d'agonie d'une gauche qui doute et se divise. Le théâtre d'ombres que sont les pouvoirs exécutif et législatif ne trompe plus les Français.
Cette fracture droite-gauche gangrène les autres pouvoirs. La justice n'est pas épargnée. Un syndicat regroupant certains magistrats, le syndicat de la magistrature, désigne ses ennemis idéologiques dont fait partie, en bonne place, l'ancien Président de la République. Le tristement célèbre "mur des cons" souligne l'absence de retenue de ceux qui veulent prendre une revanche idéologique.
Les juges ont-ils toujours été traités par le pouvoir politique avec le respect qu'ils sont en droit de revendiquer? Sans doute non. Cela justifie-t-il, de la part de certains, un esprit de revanche qui ne prend même plus la peine de se cacher, s'exprimant au gré de tribunes et billets d'humeur publiés dans la presse? Oh que non... Car la justice est là pour être juste. Instruire à charge et à décharge.
Un ancien Président de la République doit il être traité comme un criminel de droit commun? Garde à vue. Déferrement au petit jour entre des policiers. Je ne le crois pas. Car au travers du traitement peu respectueux qui lui est infligé, c'est une gifle aux millions de Français qui lui ont fait confiance qui claque comme un coup de tonnerre. Même s'il doit, bien sûr, être jugé comme tout citoyen, un ancien Président, fut-il cité dans une affaire, a droit à la présomption d'innocence. Il doit être traité eu égard à son rôle passé et futur, à la France qu'il a incarnée dans le monde.
Quant au quatrième pouvoir, la presse, si indépendante et c'est tant mieux, il lui appartient de mesurer la portée de ses actes. Chacun doit jauger le poids de ses agissements dans l'inconscient des citoyens du monde entier. La France, pays des droits de l'Homme, a un rang à tenir. Une exigence d'exemplarité. J'ai dénoncé en son temps, au nom des principes que je défends, le traitement fait au directeur du FMI par une justice spectacle dans un pays que je connais bien. Préservons la France de cette dérive.
C'est au nom du respect de notre histoire, de notre avenir, que je sollicite de la part de chacun des acteurs de notre démocratie une attitude de respect mutuel. Car la fêlure démocratique deviendra fracture si chacun pense à soi plutôt qu'à l'essentiel.Son rôle institutionnel. La souffrance du peuple de France. Soyons respectueux des Français. N'abusons pas de nos pouvoirs respectifs. Usons de ceux-ci pour défendre nos compatriotes plutôt que pour combattre nos adversaires.
Alors la démocratie sera flamboyante. Il est temps qu'elle s'extraie du trou noir dans lequel elle est embastillée aujourd'hui. Au delà de la droite ou de la gauche, sauvons la démocratie.