POLITIQUE - De source interne, il partait grand favori. Le maire de Nancy Laurent Hénart a largement battu l'ancienne ministre Rama Yade dans la course à la présidence du Parti radical, poste laissé vacant par le retrait de Jean-Louis Borloo de la vie politique pour cause de santé.
Secrétaire général du parti et président par intérim, Laurent Hénart a obtenu 2.764 voix (soit 61% des suffrages exprimés) contre 1.743 voix (39%) pour Rama Yade lors d'un vote électronique qui s'est déroulé de lundi à dimanche, a indiqué dans un communiqué diffusé ce dimanche 22 juin la commission de contrôle du scrutin.
Plus ancien parti de France, le Parti radical valoisien (à ne pas confondre avec son cousin, le Parti radical de gauche) est une des formations fondatrices du parti centriste l'UDI. Rama Yade ne l'avait rejoint qu'en 2011 pour suivre Jean-Louis Borloo après son départ du gouvernement et de l'UMP.
Pour la première fois dans l'histoire récente du parti, l'élection de son président a fait l'objet d'une bataille parfois féroce. Rama Yade a notamment accusé son adversaire d'avoir verrouillé le scrutin, tandis que ce dernier l'a qualifiée "d'enfant gâtée".
Reconnaissant à demi-mots la victoire de son compétiteur, Rama Yade a ce dimanche de nouveau fait part de ses soupçons. "Dans un contexte de défiance généralisée vis-à-vis des partis politiques, Laurent Henart a manqué d'exemplarité. Sa campagne est entachée de graves irrégularités qui méritent des vérifications approfondies", a-t-elle dit.
Au final, le nombre d'inscrits s'est élevé à 6.596, très en dessous des quelque 13.000 estimés durant la campagne par M. Hénart, et celui des votants à 4.556 et on compte 49 bulletins blancs, a indiqué la commission de contrôle. Pendant la campagne, Le Canard Enchaîné avait relevé des adhésions massives surprenantes émanant de cercles proches de Laurent Hénart.
Laurent Hénart s'était notamment prononcé en faveur d'un Parti radical et d'un centre autonomes, excluant toute fusion ou rapprochement avec l'UMP. Il avait également accusé son adversaire d'être "une marionnette de Sarkozy".
Dès le résultat du scrutin connu, les cadres du centre se sont empressés de saluer le vainqueur et sa rivale afin de tourner la page d'une campagne interne difficile.
Ces politesses annoncent aussi un autre scrutin. Car aucun des deux candidats n'avait exprimé de préférence pour la présidence de l'UDI, également laissée vacante par le retrait de Jean-Louis Borloo et qui fera l'objet d'une élection spécifique à l'automne. Pour l'heure, seuls le ticket composé par le radical Yves Jégo et Chantal Jouanno, ainsi que Jean-Christophe Fromantin (Nouveau Centre) se sont déclarés candidats. Dans une interview à paraître ce lundi dans Le Figaro, l'ancien ministre de la Défense Hervé Morin annonce qu'il est à son tour candidat. Jean-Christophe Lagarde pourrait également se lancer dans la course.