INTERNATIONAL - Des manifestations en faveur de la population de Gaza et contre Israël ont eu lieu dans plusieurs villes de France ce week-end du 12 et 13 juillet, rassemblant des milliers de personnes. Des débordements se sont produits à l'issue de celle qui s'est déroulée à Paris.
Dans la capitale, les manifestants (7.000 selon la police, 30.000 selon les organisateurs) ont quitté le quartier de Barbès dimanche après-midi derrière une banderole qui affichait "Soutien total à la lutte du peuple palestinien". Dans le calme, la foule, très jeune et féminine, a scandé des slogans comme: "Nous sommes tous des Palestiniens!", "Palestine vaincra", "Israël assassin!" ou "Une seule solution, fin de l'occupation!", auquel répondait, entre autres, un "Hollande assassin" qui figurait aussi sur des pancartes.
Dans la foule également, des drapeaux noirs brandis par des jeunes gens cagoulés et vêtus des plastrons verts, à l’instar des combattants djihadistes. Sur ces drapeaux, emblèmes des tenants du djihadisme, une incription en arabe de couleur blanche : la chahada (la profession de foi musulmane : « Il n’y a de Dieu qu’Allâh et Mohammed est son Prophète »). Profession de foi scandée en arabe du haut d’un camion par un puissant mégaphone, reprise à l’unisson par une partie du cortège et suivie de versets coraniques.
Des heurts près de la place de la Bastille
De nombreux manifestants brandissaient des pancartes sur lesquelles ils avaient collé des photos, tirées de sites web, d'enfants palestiniens tués ou blessés, de maisons rasées ou de champignons de fumée montant de Gaza. "Je suis venu pour dire non à ce massacre", a dit à l'AFP Amid Hamadouch, 30 ans, un autocollant "Boycott d'Israël, Etat raciste" sur son blouson. "Ils bombardent des innocents. Il y a certes des missiles lancés du côté du Hamas, mais la riposte israélienne est disproportionnée. Ils attaquent la population civile et non les responsables du Hamas."
Quand la tête de la manifestation est arrivée place de la Bastille, des heurts limités avec les forces de l'ordre ont éclaté dans certaines rues. Des projectiles ont commencé à voler en direction des policiers et gendarmes, qui ont répliqué à coups de grenades lacrymogènes. Des dégâts légers ont été causés à des devantures de commerces.
Actes "inadmissibles" près de synagogues
Les échauffourées n'ont pas duré très longtemps et ne se sont pas propagées au reste de la manifestation, qui s'est dispersé, sous un orage, en début de soirée, a constaté un journaliste de l'AFP. Selon la préfecture de police, ces heurts étaient dus à de petits groupes de jeunes gens qui ont été "facilement contenus". Il y a eu six interpellations.
Un certain nombre de manifestants pro-palestiniens ont toutefois tenté de se rendre vers des synagogues voisines, rue de la Roquette et rue des Tournelles, a-t-on dit à l'AFP de source policière.
Des CRS sont intervenus pour les repousser et mettre fin à un "début d'échauffourée" avec des membres de la communauté juive devant la synagogue de la Roquette, ce qui a permis d'éviter toute intrusion dans les lieux de culte, a-t-on ajouté. Selon la police, deux membres de la communauté juive ont été légèrement blessés, ainsi que six membres des forces de l'ordre.
Manuel Valls a condamné dans un communiqué "avec la plus grande fermeté" les "violences" qui ont eu lieu "aux abords des synagogues". "De tels actes qui visent des lieux de culte sont inadmissibles", a ajouté le Premier ministre, assurant que la France "ne tolérera jamais que l'on essaie par la violence des mots ou des actes d'importer sur son sol le conflit israélo-palestinien".
"Le soutien aux Palestiniens ne peut être la haine des juifs"
La maire de Paris Anne Hidalgo a aussi dénoncé ces tentatives d'intrusion. "Je suis profondément choqué et révolté, l'agressivité envers la communauté juive prend une tournure absolument inadmissible", a déclaré pour sa part à l'AFP le président du Consistoire central Joël Mergui.
Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a demandé "l'interdiction des manifestations en faveur du Hamas" ainsi qu'un "renforcement de la sécurité des lieux communautaires". Dans un autre communiqué, SOS Racisme a fait valoir que "le soutien aux Palestiniens ne peut être la haine des juifs. Aider cette zone en conflit, c'est exporter la paix et non importer la haine", insiste l'association antiraciste.
A Lille, entre 2.300 (selon la police) et 6.000 personnes (selon les organisateurs) s'étaient auparavant rassemblées dimanche matin dans le quartier populaire de Wazemmes et ont scandé des slogans hostiles à Israël, qualifié d'Etat "assassin" et "criminel". Le préfet du Nord a en revanche interdit une nouvelle manifestation de soutien à la Palestine prévue lundi dans le centre de Lille, en raison de sa concomitance avec les cérémonies du 14 juillet.
Samedi, des manifestations similaires avaient eu lieu dans le calme à Bordeaux (400 personnes selon la police, 1.000 selon les organisateurs) et Marseille (environ 1.200 selon la police).
Les rassemblements pro-palestiniens interdits à Nice
La préfecture des Alpes-Maritimes a pris lundi un arrêté interdisant "tout rassemblement et défilé propalestiniens" ce 14 juillet à Nice après plusieurs appels lancés sur les réseaux sociaux, apprend-on dans un communiqué.
La préfecture, motive sa décision par un risque de trouble à l'ordre public", soulignant qu'à l'occasion des deux précédents "appels à manifestation" en soutien au peuple palestinien -vendredi 350 personnes s'étaient rassemblées dans le centre de Nice puis 500 samedi selon la police- "n'ont pas pas fait l'objet de la déclaration préalable à la préfecture exigée par la loi". "Il n'est pas possible d'identifier des organisateurs responsables", justifie encore la préfecture, même si aucun incident notable n'a émaillé les rassemblements de vendredi et samedi.
De son côté le maire de Nice, Christian Estrosi, avait envoyé lundi matin une lettre ouverte au préfet lui demandant de "prendre toutes les mesures pour empêcher cette manifestation en ce jour de fête nationale". "Même si je considère que le droit de manifester est un droit fondamental, j'estime que la tenue d'un tel rassemblement le jour de la fête nationale est une provocation intolérable", précisait ainsi l'élu faisant état de "rumeurs" de possibles perturbations du défilé niçois.
Il y a quelques jours, le maire de Nice avait par ailleurs pris un arrêté municipal interdisant l'utilisation ostentatoire de tous les drapeaux étrangers dans le centre-ville pendant toute la durée de la coupe du Monde de football. Une mesure qui visait implicitement les supporters algériens et que la justice administrative avait suspendue.