Dépistage de la maladie d'Alzheimer : 10% des Français refuseraient de faire le test
Par Stanislas Kraland
Getty
SANTE – Plus d'un quart de la population (27%). C'est le nombre de personnes concernées par la maladie d'Alzheimer, directement ou indirectement, selon les résultats d'une étude TNS Sofres intitulée "Les Français et Alzheimer, vivre au quotidien avec la maladie", communiqués ce 16 septembre.
Pourtant, s'il existait un test de dépistage fiable, 10% des Français ne seraient en effet pas prêts à savoir s'ils sont atteints de la maladie d'Alzheimer.
Un chiffre variable puisque lorsqu'on précise aux personnes interrogées qu'aucun traitement n'existe il monte à 20%, pour redescendre à 15% quand il leur est indiqué que des actions peuvent être mises en place (désignation d'une personne de confiance, l'établissement d'un mandat de protection, la rédaction de directives anticipées) en cas de diagnostic positif.
Peur du résultat
Pourquoi préférer ne pas faire le test? Parmi les raisons invoquées, certaines impliquent la crainte: "Ca fait peur, et de toute façon, on n'en guérit pas", "Comment vivre après ce test s'il se révèle positif?". Pour d'autres, c'est avant tout le fait de ne pas se sentir concerné par la maladie: "Je n'ai pas de pertes de mémoire", "Je ne suis pas assez vieille pour faire ce test".
26% ne veulent pas faire le test car ils préfèrent ne pas savoir: maladie incurable, pas envie d'angoisser ni de se gâcher la vie.
Peur du diagnostic et absence de traitement sont ainsi les facteurs principaux qui expliquent pourquoi 10% des Français préféreraient ignorer le développement de la maladie, et se feraient donc dépister par les méthodes cognitives tardivement.
Car aujourd'hui, le dépistage de la maladie d'Alzheimer repose surtout sur des évaluations cognitives, censées apprécier certaines facultés du patient: orientation spatiale, capacité mémorielle, fluence verbale, calcul mental ou encore degré d'attention de l'individu.
En cas de démence avérée, l'imagerie cérébrale (IRM) ou le scanner cérébral permettent alors aux médecins d'établir un diagnostic relativement stable, mais ces méthodes sont coûteuses.
Bientôt un test de dépistage simple et efficace?
Un test de dépistage beaucoup plus simple pourrait voir le jour dans un futur proche.
Récemment, des chercheurs allemands ont ainsi mis au point une méthode de diagnostic qui serait fiable à 93%. Par une simple prise de sang, on pourrait établir qu'une personne est touchée. Les malades d'Alzheimer sont en effet porteurs de 12 séquences de microARN (acide ribonucléique) particulières, détectables par ce test.
Reste à savoir si l'existence d'un tel test inversera la tendance. Avoir conscience de la maladie et pouvoir l'anticiper n'est pas une décision simple à prendre.
Dans une tribune publiée par Le HuffPost, Emmanuel Hirsch rappelle ainsi que le dépistage est un droit et non pas un devoir. Que savoir peut être l'équivalent d' "une double peine: celle de la maladie elle-même et celle d'être en situation non seulement de la combattre mais d'anticiper ses conséquences humaines et sociales".
1
2
3
4
5
6
7
8
8
Plus de femmes touchées - Les femmes sont plus touchées que les hommes. Leur risque relatif s’établit entre 1,5 et 2 cas (pour 1 cas masculin). Source : Inserm, valable pour l'ensemble du diaporama.