Premiers pas polémiques des eurosceptiques au Parlement européen

Le Parlement européen a entamé sa première session plénière le mardi 1er juillet à Strasbourg, dans une ambiance marquée par l’arrivée de nombreux élus eurosceptiques, sortis renforcés des élections de mai 2014.

Les eurodéputés eurosceptiques ont fait une entrée remarquée au Parlement européen à Strasbourg. Les 751 élus provenant des 28 États ont siégé pour la session constitutive et réélu le socialiste allemand Martin Schluz à la présidence du Parlement, malgré la montée en puissance des partis eurosceptiques au sein de l’hémicycle européen.

Parmi les 52 députés non inscrits, près de la moitié viennent du Front national français. Sa présidente, Marine Le Pen, a échoué à constituer un groupe, ce qui la prive d’une meilleure visibilité et de moyens financiers conséquents.

Lors d’un vote à bulletin secret le mardi 1er juillet, les parlementaires européens se sont prononcés à 409 voix en faveur du président sortant, Martin Schulz. Parmi les quatre candidats à la présidence, l’eurodéputé britannique Sajjad Karim, membre du groupe « eurocritique » des conservateurs et réformiste européen a obtenu le second meilleur score avec 101 voix en sa faveur, rassemblant au-delà des rangs de sa famille politique qui compte 70 élus au Parlement européen.     

Hymne européen désavoué

Au cours de la séance, les élus antieuropéens du groupe Europe libertés démocratie (EFD) dirigé par le Britannique Nigel Farage  se sont fait remarquer en tournant volontairement le dos au moment de la diffusion de l’hymne européen dans l’hémicycle. Le groupe constitué des Britanniques de l’Ukip et des populistes italiens du Mouvement Cinq Étoiles de Beppe Grillo a réussi à rassembler 48 élus au sein du nouveau Parlement européen, contre 31 lors de la législature précédente.

Les eurodéputés français du Front national ont quant à eux préféré rester assis pendant la diffusion de l’hymne, une provocation qui a fortement déplu aux eurodéputés des partis politiques pro-européens.

« C’est d’un irrespect total » s’est exclamé l’eurodéputé socialiste, Gilles Pargneaux. « Marine Le Pen est carrément restée assise alors que les membres de l’UKIP se sont levés en se retournant » a-t-il déploré.  

Le Front national a remporté 24 sièges lors des élections européennes, alors que le parti d’extrême droite n’en comptait que 3 au sein du précédent Parlement. Malgré cette victoire électorale, le parti de Marine Le Pen qui représente désormais 23 eurodéputés après la défection Joelle Bergeron, n’a pas réussi à constituer un groupe parlementaire, faute de rassembler un nombre suffisant de nationalités différentes.

Craintes limitées

Pour autant, la place des antieuropéens n’entravera pas le processus législatif. « Les radicaux et les extrémistes présents au sein du Parlement européen sont incapables de constituer une majorité » a rappelé l’allemand Manfred Weber, président du groupe PPE.

« Il y a une majorité écrasante des pro-Européens au Parlement européen » a affirmé Martin Schulz à l’occasion d’une conférence de presse suite à son élection à la tête de l’institution, reconnaissant toutefois que le Parlement devrait légiférer avec « une majorité élargie », incluant les socialistes (S&D), la droite (PPE) et les libéraux (ALDE).

Mais l’influence eurosceptique ne sera pas négligeable pour autant. « Je crains qu’en commission Libertés civiles, justice et affaires intérieures, les élus FN ne passent d’une position d’observateurs à une position de contributeurs » la socialiste Sylvie Guillaume, élue vice-présidente du Parlement hier.

« Marine Le Pen est prompte à déclarer que si tu n’aimes pas la France, tu la quittes, et bien moi je lui réponds : si tu n’aimes pas le Parlement européen, tu le quittes ! » a soutenu l’eurodéputé socialiste  Édouard Martin. Mais l’ancien syndicaliste de Florange a prévenu : sans résultats économiques et sociaux concrets, il sera difficile de contrer la montée du Front national.

>>Lire aussi l’interview d’Edouard Martin : « Barroso a rendu eurosceptiques les européens convaincus ! »

Le nouveau Parlement européen, où les élus eurosceptiques occupent une place renforcée, siège pour la première fois à Strasbourg lors de la session inaugurale du 1er au 3 juillet. Les eurodéputés devront entre autres élire leur président et leurs vice-présidents et dresser un bilan de la présidence greque de l'Union européenne qui s'achève. 

 

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