UMP : «Le parti est déjà mort», estime Christian Estrosi

UMP : «Le parti est déjà mort», estime Christian Estrosi

    Ancien ministre de Sarkozy, le député et maire de Nice Christian Estrosi est candidat à la primaire UMP en 2016.

    L'UMP serait endettée à hauteur de 80 Mâ?¬. Cela vous choque ?
    CHRISTIAN ESTROSI.

    Si ce chiffre est exact, cela veut dire que la situation est extrêmement grave et que l'UMP est terriblement fragilisée. Je vais même plus loin : dans sa conception actuelle, nous avons un parti qui est déjà mort, un parti qui ne distribue plus que des investitures et ne produit plus d'idées nouvelles.

    Selon « le JDD », le parti aurait réglé 24 000 â?¬ en billets d'avion pour Nadia Copé...

    C'est l'actuelle direction par intérim, dont je ne fais pas partie, qui a le devoir d'apporter tous les éléments de réponse et de nous éclairer.

    Que faut-il faire pour sortir de cette crise ?

    Le congrès de novembre peut être une bonne chose, mais à la condition que nous discutions d'un projet, et qu'il soit adopté par les militants. Du reste, nous ne pourrons pas faire autrement que changer de nom. Ce n'est pas une restructuration avec un congrès a minima qu'il faut, mais une véritable révolution !

    Reconnaissez-vous la légitimité du bureau politique actuel ?

    C'est une instance où les places ont été partagées, il y a deux ans, entre Copé et Fillon. Ce bureau ne correspond plus à la carte politique d'aujourd'hui. Les élus locaux, ceux-là mêmes qui ont offert d'extraordinaires victoires lors des dernières municipales, sont peu représentés. Or, aujourd'hui, c'est grâce à eux que nous avons encore autant de militants.

    Le pouvoir est trop centralisé ?

    L'UMP est devenue un parti bourgeois et élitiste. Il faut que nous redevenions un parti populaire.

    Alors pourquoi n'êtes-vous pas candidat à la présidence ?

    On ne peut pas être candidat à tout, je veux me consacrer au débat d'idées. C'est pourquoi je suis candidat à la primaire de 2016. Après le congrès, si l'UMP est à nouveau le théâtre des ego, des petits marquis animés par des serviteurs zélés qui n'hésitent pas à trahir les uns et les autres en fonction de leurs intérêts, je ne m'y sentirai plus à ma place. Je dis même que je n'en serai plus.

    Vous quitterez l'UMP ?

    Je suis prêt à apporter ma contribution à une autre aventure collective, en espérant ne pas en arriver là.

    Ces derniers temps, vous avez la dent dure contre François Fillon. Pourquoi ?

    Je suis en désaccord sur la ligne politique. Et, je ne peux oublier qu'en 2007, il a poussé Copé à la présidence du groupe UMP à l'Assemblée, contre ma candidature, point de départ de toutes ces histoires.

    Et que pensez-vous de son tournant très libéral ?

    Son idéal c'est Margaret Thatcher. Eh bien moi, mon idéal, c'est l'opposé, c'est le général de Gaulle. François Fillon promet du sang et des larmes en disant qu'on ne pourra pas baisser les impôts. Mais assécher les ménages, étrangler fiscalement la première source de consommation est un non-sens économique.

    Que proposez-vous ?

    Il faut restaurer l'autorité de l'Etat. Il faut savoir dire non à une France de l'assistanat, non à une Europe qui ne protège pas nos frontières et non à une fiscalité confiscatoire pour les ménages et les PME. C'est notamment pour porter ces idées que je serai candidat à la primaire de 2016.

    Sauf si Nicolas Sarkozy est lui-même candidat ?

    Je pourrais avoir dans ce cas toutes les raisons de le soutenir. Mais seulement si c'est pour bâtir un projet, des idées et une gouvernance nouvelle. Car tout n'a pas été parfait entre 2007 et 2012, je ne suis pas un « sarkobéat ».

    VIDEO. L'édito du Parisien. «L'UMP au bord du gouffre financier»