EUROPÉENNES 2014 - L'UMP, tu l'aimes ou tu la quittes. L'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy Henri Guaino s'est attiré les foudres d'une partie de sa formation politique en déclarant qu'il ne voterait pas pour elle aux prochaines élections européennes. Le député des Yvelines ne cesse en effet d'afficher ses désaccords avec la ligne pro-UE de l'UMP et tout particulièrement celle de sa tête de liste francilienne, Alain Lamassoure.
Désormais, certains n'hésitent pas à brandir la menace d'une exclusion. "Choqué" par ses déclarations, Alain Juppé l'a ouvertement invité à démissionner ce dimanche. "Vous savez, moi je ne pratique pas l'exclusion. Mais quand on est à ce point en désaccord avec son propre parti politique, la dignité la plus élémentaire, c'est d'en tirer les conséquences", a déclaré l'ancien premier ministre lors du Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro.
Une menace répétée à demi-mots ce lundi 12 mai par le président de l'UMP, Jean-François Copé. "Alain Juppé a raison. Il y a un moment où il faut tout de même rappeler qu'on a une famille politique. Et que même si on peut avoir des nuances, moi j’attends qu’on soit constructif", a indiqué le député-maire de Meaux sur Europe1.
"Je demande à Henri Guaino d'indiquer qu'en définitive, il votera pour les candidats de l'UMP", a renchéri l'ancien ministre Xavier Bertrand, sans pour autant se prononcer en faveur d'éventuelles sanctions.
Révélateur des divisions au sein de l'UMP
Cette ligne dure ne fait pas l'unanimité à droite. Ce qui en dit long sur les divisions qui perturbent la campagne européenne de l'UMP, aujourd'hui écartelée entre ses ailes europhiles et eurosceptiques.
Certains députés proches d'Henri Guaino ou de sa ligne politique souverainiste ont d'ailleurs pris sa défense ce lundi. Sur Twitter, le député Thierry Mariani, chef de file de la Droite populaire, ouvertement eurocritique, a rappelé qu'Alain Juppé avait un temps fait campagne contre son propre parti en soutenant la candidature du centriste François Bayrou lors des municipales.
Très engagé contre le mariage gay comme Henri Guaino, le député Jean-Frédéric Poisson a lui ironisé sur cet appel à la démission.
Henri Guaino persiste et signe
Interrogé ce lundi par L'Opinion, Henri Guaino a assuré qu'il ne démissionnera pas et qu'il continuera à défendre ses convictions "aux antipodes" de celles d'Alain Lamassoure et d'Alain Juppé.
"Je ne vais pas renier vingt ans d'engagement politique en votant contre mes convictions politiques", a-t-il prévenu sans préciser pour qui il voterait le 25 mai prochain.
L'Opinion de Henri Guainopar Lopinionfr
Revenant sur les mots "empreints d'arrogance" d'Alain Juppé, Henri Guaino a mis en garde sa formation politique contre la tentation du "caporalisme". "C'est une vieille divergence très ancienne avec Alain Juppé sur le caporalisme dans les partis politiques. Je me souviens comment il a dirigé le RPR dans les années 80-90. Je n'oublierai jamais la façon dont on a traité à l'époque des gens comme Philippe Seguin, Charles Pasqua, tous ceux qui de temps en temps se levaient pour dire non", regrette-t-il.
"Pour tenir ce genre de langage, il faut être soi-même absolument en accord avec ce que l'on prétend exiger des autres. J'ai le souvenir que des notables de ma famille politique ont soutenu aux municipales des candidats non-investis contre des candidats investis, ce que moi je n'ai jamais fait", critique encore le député des Yvelines, en excluant toute démission.