EUTHANASIE - Fin de l'expertise. Les médecins chargés d'examiner le cas de Vincent Lambert ont remis leur rapport au Conseil d'Etat, lundi 26 mai. Sans surprise, celui-ci confirme les grandes lignes de leur pré-rapport rendu début mai, au premier rang desquelles la dégradation de l'état de conscience de cet homme de 38 ans, tétraplégique et cloué sur son lit d'hôpital en état végétatif chronique depuis cinq ans.
Sa situation déchire sa famille entre d'un côté sa femme Rachel et son neveu François, favorables à une euthanasie, tandis que ses parents, catholiques traditionalistes, demandent son maintien en vie. C'est pour éclairer leur jugement que le conseil d'Etat a missionné trois experts chargés de procéder à une série de tests pour évaluer son état de conscience.
Des lésions irréversibles
Le rapport, que le HuffPost a pu consulter, pointe le caractère "irréversible" des lésions cérébrales de Vincent Lambert, victime d'un accident de la route en 2008. Les experts confirment par ailleurs, que l'interprétation des réactions comportementales de Vincent Lambert comme "l'expression d'une intention ou d'un souhait à l'égard de l'arrêt ou de la prolongation du traitement ne parait pas possible".
Mais les médecins estiment que "dans une telle situation et en l'absence de directives anticipées et de personne de confiance, le degré de l'atteinte de la conscience" de Vincent Lambert "ne saurait constituer le seul élément déterminant dans la réflexion du Conseil d'Etat concernant son maintien ou non en vie.
"Le rapport confirme le diagnostic des médecins et l'incurabilité de Vincent Lambert", a commenté le docteur Kariger, médecin de ce dernier au CHU de Reims, qui est favorable à l'euthanasie. "Néanmoins, la réaction pendant les soins est difficilement interprétable, mais, en l'absence de directives anticipées et de personnes de confiance, c'est au médecin à chercher, à enquêter parmi les proches et dans le passé du patient", a estimé le docteur Kariger. Après plusieurs mois de réflexion, le CHU de Reims avait décidé d'arrêter d'alimenter et d'hydrater artificiellement le patient.
Décision finale dans les prochaines semaines
Ses parents s'étaient alors opposés à la décision, entamant un bras de fer judiciaire. Ils sont en effet persuadés que leur fils est "présent" alors que les médecins décrivent un patient "atteint d'une maladie grave et incurable" et souffrant "de lésions cérébrales graves et irréversibles".
"C'est exactement ce qui est contenu dans le rapport", confirme au HuffPost François Lambert. Avec sa tante, il avait saisi le Conseil d'Etat pour qu'il annule le jugement du tribunal administratif de Châlons-en-Champagne. Le 16 janvier, il avait décidé le maintien en vie, à la demande des parents.
Les parties ont jusqu'au 10 juin pour répondre à ces conclusions, avant que la plus haute juridiction administrative ne rende sa décision après un débat contradictoire. "Je pense qu'on pourrait avoir une décision très vite, pourquoi pas avant le 15 juin", espère François Lambert qui ne doute pas d'une issue positive.