ROMS - Une note interne pour se débarrasser des Roms dans les beaux quartiers. C'est ce qu'a révélé le journal Le Parisien ce mardi 15 avril. D'après le document que s'est procuré le quotidien, une note à usage interne du commissariat du 6e arrondissement de la capitale préconise d'"évincer systématiquement" les Roms de l'arrondissement.
Selon le quotidien, cette note, rédigée par un officier de police "sur instruction de la commissaire centrale", demande "dès à présent et jusqu'à nouvel ordre pour les effectifs du 6e arrondissement, de jour et de nuit, de localiser les familles roms vivant dans la rue et de les évincer systématiquement". Une consigne parfaitement illégale, le ciblage ethnique étant formellement interdit en France.
Interrogé par Le Parisien, le maire UMP de l'arrondissement, Jean-Pierre Lecocq a déclaré n'être "pas choqué" par le ton de cette note mais être "choqué de voir des familles de Roms dans la rue avec des enfants en bas âge". "On joue sur les mots. Ce qui me choque, c'est de voir des familles de Roms dans la rue avec des enfants en bas âge. Ce n'est pas acceptable sur le plan humain et social", assure l'édile réélu dès le premier tour des élections municipales.
Selon la préfecture, cette note n'avait pas vocation à stigmatiser une population mais bien à éviter que des enfants dorment dehors.
Polémique pendant la campagne municipale
Chassées d'un quartier à l'autre sans solution d'hébergement, les familles Roms originaires d'Europe de l'Est sont régulièrement prises pour cible par les élus politiques. "L'objectif, c'est d'éviter que des gens qui, dans la capitale, parce qu'ils sont dans une situation de difficulté et de pauvreté, finissent par rendre tout le monde extrêmement nerveux et n'acceptent plus cette présence", a dédramatisé le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll, interrogé ce mardi au sujet de la note dévoilée par Le Parisien.
"Il y a un problème mais derrière ce problème, il y a des hommes, des femmes, voire des enfants. Donc ça ne se traite pas comme si c'était un simple problème qu'on pouvait régler avec deux ou trois décisions. Non, c'est plus compliqué", selon le ministre et proche du chef de l'Etat.
La note a finalement été "rectifiée", a annoncé mardi le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, aucun contrôle de police ne devant cibler une personne en fonction de sa nationalité. Le ministre rappelle dans un communiqué "le principe selon lequel aucun contrôle de police ne peut être effectué en ciblant une personne en fonction d'une nationalité réelle ou supposée".
La question des populations Roms a pesé sur la campagne municipale à Paris. Dans le 6e arrondissement, quartier parmi les plus huppés de la capitale, le candidat du Front national, Paul-Marie Couteaux, avait déclenché une polémique en évoquant un éventuel recours à des "camps" pour accueillir ces populations qui comptent parmi les plus pauvres d'Europe. Plus tard, il avait regretté l'emploi de ce terme, affirmant vouloir parler de camps de rétention administrative. Sur son blog, l'ancien gaulliste, aujourd'hui en rupture avec Marine Le Pen, parlait néanmoins de "lèpre" et "d'invasion".
Récemment, une trentaine de jeunes Roms se sont réunis à Paris pour dénoncer les clichés à leur égard et marquer leur volonté d'intégration, à l'occasion de la journée internationale des Roms.
Un cas similaire à Montpellier
Récemment, un courrier électronique du SRPJ de Montpellier avait été envoyé à destination des hôteliers de la région, les incitant à "signaler l'arrivée" de personnes "originaires d'Europe de l'Est" en vue de la lutte contre la délinquance organisée.
Dans ce courrier adressé aux hôtels et campings du Languedoc-Roussillon et du Vaucluse, révélé par France Inter et dont l'AFP a obtenu copie, le SRPJ de Montpellier, rappelle d'abord "l'aide très efficace" apportée par ces derniers à la suite de mails antérieurs les sollicitant "dans le but d'interpeller des individus recherchés ou soupçonnés de crimes et délits".