Deux personnes ont été interpellées, mercredi 16 juillet, dans le cadre de l'enquête sur le déraillement d'une rame du métro de Moscou qui a causé la mort d'au moins 21 personnes, et fait 217 blessés mardi. Ces deux employés du métro moscovite – un contremaître et son second, selon l'agence de presse russe Interfax – ont été interpellés pour « violation grave des normes de sécurité dans les transports » ont indiqué les enquêteurs.
Des travaux préparatoires avaient été lancés, à la fin de mai, afin d'installer un nouveau système d'aiguillage sur le tronçon où s'est produite la catastrophe. Les deux hommes « ont été directement impliqués dans ces travaux et dans le suivi de leur mise en œuvre », a ajouté le comité d'enquête. Or, c'est la rupture d'un élément de ce système d'aiguillage qui a abouti au déraillement. Les deux hommes ont déjà été interrogés et seront inculpés « dans les plus brefs délais », ont détaillé les enquêteurs.
AUDIT TRANSPARENT ET COMPLET
Mercredi, la presse russe plaidait pour la tenue d'investigations transparentes et la mise en place d'une véritable réflexion. « Si l'enquête n'est pas équitable et si elle rejette la responsabilité sur le conducteur ou sur un autre bouc émissaire », les autorités risquent de provoquer la colère des habitants de Moscou, prévient le site Gazeta.ru. Et de dénoncer « des équipements vieillots, des économies faites sur la sécurité, et une mise à niveau technologique en retard ».
Pour le quotidien Vedomosti, cette « tragédie » doit conduire à la tenue « d'un audit transparent et complet sur le système de transport de la capitale ». Pour le journal populaire Moskovski Komsomolets, c'est l'émotion qui dominait en « une » mercredi : « Cauchemar dans le métro ».
THÈSE TERRORISTE ÉCARTÉE
L'accident – le plus grave jamais survenu dans les transports de la capitale –, s'est produit à une heure de pointe sur la ligne 3, Arbatsko-Pokrovskaïa, vers 8 h 30, heure locale (6 h 30, heure de Paris), entre les stations Park-Pobedy et Slovianskiï-Boulevard, a précisé le ministère des situations d'urgence.
Le métro « a freiné très brutalement. Les lumières se sont éteintes et il y a eu beaucoup de fumée », a raconté un passager, le nez ensanglanté, à la chaîne de télévision Rossiya-24. « De nombreuses personnes ont été blessées, surtout dans le premier wagon, car les voitures se sont encastrées. […] Tout le monde a été projeté d'un côté », a-t-il ajouté.
Présent dans le cinquième wagon, un passager explique au site russe LifeNews avoir dû attendre une trentaine de minutes avant de pouvoir sortir. Un autre survivant de l'accident, Andreï Zenine, raconte à Russia Today être resté dans le tunnel pour porter secours aux autres victimes : « Certaines personnes avaient des côtes cassées et une personne avait le bras blessé. Les gens étaient hystériques. »
Des images diffusées à la télévision ont montré des personnes dans l'un des wagons ayant déraillé. Une épaisse fumée était visible à l'intérieur de celui-ci. Les secouristes évacuaient les blessés ensanglantés sur des brancards, et des hélicoptères étaient également présents sur place afin de transporter au plus vite les victimes à l'hôpital.
Selon l'agence de presse AP, la station Park-Pobedy, située dans l'ouest de Moscou, est la plus profonde de la ville, ce qui complique l'intervention des secours. Au total, plus de 1 000 personnes ont été évacuées du lieu de l'accident. Le ministère de la santé a précisé que 42 blessés se trouvent dans un état grave.
Les autorités ont décrété un jour de deuil, mercredi, en hommage aux victimes. Selon le maire de Moscou, Sergueï Sobianine, il faudra deux jours pour que le trafic revienne à la normale sur la ligne 3. Cent quinquante personnes étaient encore hospitalisés, dont 47 dans un état grave, a précisé le porte-parole du ministère de la santé, Oleg Salagaï.
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