POLITIQUE - Le député UMP de la Drôme Hervé Mariton a rejoint dimanche plusieurs de ses collègues à l'Assemblée nationale en interpellant Christian Jacob qui a reconnu samedi 22 juin avoir prêté à son parti 3 millions d'euros tirés de sa dotation à l'Assemblée nationale en 2012.
"On ne peut reprocher à Christian Jacob de n'avoir pas appliqué des règles qui n'existent pas, mais maintenant il faut des règles", a-t-il déclaré à l'AFP interrogé sur ce prêt consenti par le groupe au parti à l'été 2012 sans que les députés en soient informés.
"Je n'étais pas au courant car la responsabilité financière est assurée par le président. Mais nous avons tous une responsabilité de ne pas nous y être intéressés", a ajouté Mariton, qui sera candidat à la présidence de l'UMP, lors du congrès du parti en novembre.
Argent public ou argent privé ?
En revanche, Hervé Mariton conteste que les fonds versés par l'Assemblée aux groupes soient qualifiés d'argent public. "Une fois qu'il a été donné, cet argent n'est plus public. C'est comme le salaire d'un fonctionnaire : il est donné par l'Etat, mais c'est de l'argent privé".
Un point de vue que ne partage pas le député-maire UMP de Nice Christian Estrosi qui a estimé qu'il s'agissait "d'argent public" versé par l'Assemblée nationale au groupe et que le choix de Jacob était "choquant".
"j'ai le droit de savoir pourquoi et dans quelles conditions cela s'est passé. Nous n'avons jamais été informés de cela et cela me choque, très clairement", a-t-il déclaré sur RCJ. Lionel Tardy, député UMP, a affirmé quant à lui sur BFMTV que "personne n'a entendu parler de ce prêt" et a expliqué qu'il allait demander "des explications lors de la prochaine réunion de groupe mardi 24 juin".
540.000 euros de remboursés
À gauche, le coprésident du groupe EELV à l'Assemblée François de Rugy a aussi dénoncé ce prêt. Sur Twitter, il a expliqué considérer que "les moyens de l'Assemblée alloués aux groupes parlementaires ne sont pas faits pour financer les partis!".
Le secrétaire général intérimaire de l'UMP, Luc Chatel, a pour sa part apporté son soutien à Christian Jacob en avançant qu'il avait agi "en solidarité" avec son parti en lui accordant au nom du groupe parlementaire ce prêt de trois millions d'euros.
Ce dernier, selon Chatel, "n'a pas pris de décision qui soit illégale, n'a pas pris de décision en dehors de son champ de responsabilité. Il a une délégation du groupe pour cela. Il a agi en solidarité par rapport à son parti qui était exsangue", et "dans le cadre de ses responsabilités de président de groupe".
"J'ai été informé par Christian Jacob dès que j'ai pris mes fonctions" en début de semaine, a-t-il précisé, en ajoutant qu'un "premier remboursement a été effectué". Premier remboursement dont le montant s'élève, selon Jacob, à environ 540.000 euros.