MUSIQUE - Pearl Jam attaque maintenant sa troisième décennie d'existence et il faut se rendre à l'évidence, tel le bon vin, ce groupe se bonifie au fil des ans. La preuve en est leurs deux derniers efforts studio, sans oublier la sublime bande originale de Into the Wild composée par Eddie Vedder. Que dire alors de ce dixième album?
Le quintet américain fonctionne depuis ses débuts grâce à une recette infaillible: un cocktail de tension et d'angoisse et/ou de colère pure et simple. Parfois les deux mêlés. Les derniers albums, le très beau Backspacer notamment, dérogeaient certes à cette règle mais restaient imparables grâce à des compositions de haut vol ainsi qu'à une écriture mature et très inspirée.
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Hélas, Lightning Bolt n'a de foudre que le nom et force est de constater que même si l'on est en terrain connu, pour ne pas dire balisé et cloisonné, ce disque est sans surprises, à part de mauvaises.
Getaway, le morceau d'ouverture a un riff assez heavy qui, même s'il ne rappellera jamais la rage d'antan, reste sympathique. L'enchaînement sur Mind Your Manners, titre très punk rock dans l'esprit, laisse penser que le reste de l'album sera à l'avenant. Hélas, le soufflé retombe presque immédiatement.
On navigue entre des morceaux mid-tempo certes sans aspérités ni fautes de goût mais sans originalité non plus (Infallible, Yellow Moon). Si certaines chansons tirent leur épingle du jeu grâce à une énergie provisoirement retrouvée (Swallowed Whole), la plupart, à l'image de My Father's Son ou Let The Records Play, tournent en rond sans jamais décoller. Quant à Sirens, deuxième single, il ne déroge pas à cette règle: agréable mais dispensable, aussitôt écouté, aussitôt oublié. Et la voix toujours magique de Vedder n'y change rien.
Lightning Bolt, le morceau titre, est, malgré sa structure ultra classique sans doute le seul que l'on retiendra grâce à son refrain très efficace. Quant à la deuxième partie, de l'album, elle tombe hélas très vite dans l'oubli à cause de ballades poussives, parfois noyées de claviers (Future Days) et sans intérêt (Pendulum). Sleeping By Myself, la chanson folk, n'évoque que de loin les récents efforts de Vedder en solo, l'imagination en moins. Et les frissons, surtout.
Si l'on ajoute à cela des paroles plutôt quelconques pour ne pas dire lénifiantes, à des années lumière de ce qu'écrivait le groupe il y a quatre ans à peine, on obtient un album décevant au regard de l'espoir suscité. Il ne fera donc pas date dans une discographie pourtant truffée de pépites scintillantes. Sans rancune les gars, et à dans quatre ans pour de nouvelles aventures, espérons le, beaucoup plus enthousiasmantes.