POLITIQUE - L'Etat va "financer" de manière transitoire le manque à gagner pour l'Unedic de la mesure la plus contestée par les intermittents du spectacle, le différé d'indemnisation qui ne s'appliquera donc pas au 1er juillet, a annoncé Manuel Valls jeudi.
Cette mesure devrait coûter 90 millions d'euros en année pleine, a précisé le premier ministre lors d'une conférence de presse à l'issue de la remise du rapport de Jean-Patrick Gille sur le dossier des intermittents.
La convention d'assurance-chômage, dont Manuel Valls a confirmé qu'elle serait agréée par l'Etat, instaure un nouveau différé d'indemnisation -ou délai de carence-, qui repousse la date à partir de laquelle les intermittents au chômage commencent à percevoir leurs allocations.
"L'Etat s'engagera dès le 1er juillet, il prendra lui-même en charge ce différé, c'est-à-dire qu'il le financera pour que Pôle Emploi n'ait pas à l'appliquer aux intermittents concernés", a déclaré le premier ministre, parlant d'un geste "d'apaisement".
"En d'autres termes, les intermittents concernés ne verront pas de changement de leur situation par rapport à leur situation actuelle. L'effet du différé sera totalement neutralisé par cette intervention de l'Etat", a-t-il ajouté, précisant que cette mesure serait "transitoire".
Une mission pour redéfinir le statut d'intermittent
Par ailleurs, Manuel Valls a annoncé avoir confié à trois personnalités une mission pour redéfinir le statut d'intermittent du spectacle, lesquelles devront rendre leurs conclusions avant la fin de l'année.
Il s'agit d'Hortense Archambault, qui a codirigé le Festival d'Avignon, Jean-Denis Combrexelle, ancien directeur général du Travail, et Jean-Patrick Gille, député PS nommé par le gouvernement comme médiateur dans le conflit.
"Il nous faut rompre avec ce cycle infernal de crises et de tensions" sur cette question pour mettre en place "un cadre enfin sécurisé et stabilisé", a déclaré le premier ministre. "Il va falloir inventer, innover, créer, les conditions d'une nouvelle donne pour l'intermittence", a-t-il ajouté.
Manuel Valls a aussi ajouté que le budget alloué à la création et au spectacle vivant sera "maintenu intégralement en 2015, 2016 et 2017", en soulignant une "décision importante" prise "en plein accord avec le président de la République".
"C'est un effort très significatif dans cette période de diminution de la dépense publique et il atteste de l'importance que nous accordons à la création culturelle", a-t-il ajouté.
Des "mesurettes" pour la CGT-Spectacle
Les annonces du premier ministre ne sont que des "mesurettes", a jugé la CGT-Spectacle, qui annonce un "probable préavis de grève" pour le 1er juillet.
"Il est probable que nous déposions un préavis de grève", "on verra quelle forme il prendra", car "l'épée de Damoclès est toujours là, c'est une manœuvre pour passer l'été", a déclaré le secrétaire général Denis Gravouil lors d'un point de presse.
"Nous appelons tous les professionnels à élargir le mouvement et la mobilisation. Les artistes et techniciens décideront" de l'opportunité de poursuivre la grève, a déclaré Marc Slyper, autre responsable du syndicat. "Le compte est très loin d'y être même si on a obtenu que le budget de la Culture ne soit pas sacrifié", a dit Denis Gravouil.
"Nous n'avons jamais appelé à l'annulation d'un festival. Nous devons consulter avant de décider si on continue la grève. Il y aura des actions dans toutes les régions. Nous n'avons pas été assez entendus", a-t-il affirmé. "Nous devons montrer au gouvernement que la copie n'est pas bonne. Même si le différé est différé, il va quand même rentrer en vigueur", a-t-il ajouté, en référence à l'allongement du délai de paiement des indemnités chômage des intermittents.
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