Rome, correspondant. Résister, encore et toujours. Après sa condamnation, lundi 24 juin, en première instance, à sept ans de prison ferme et à l'interdiction à vie d'exercer toute fonction publique, pour prostitution de mineure et abus de pouvoir dans l'affaire du "Rubygate", Silvio Berlusconi refuse de rendre les armes : "Encore une fois, j'entends résister à cette persécution, parce que je suis absolument innocent", a-t-il réagi en évoquant "une sentence en vue de éliminer de la vie politique de ce pays". Ses avocats ont annoncé leur intention de faire appel.
Le verdict des trois magistrates du tribunal de Milan alourdit d'une année le réquisitoire de la procureure. Les trois juges n'ont pas cru un mot de la version des faits de Silvio Berlusconi et de ses défenseurs. Selon ces derniers, Karima El-Mahroug aurait menti sur son âge lorsqu'à 17 ans, elle participait, au printemps 2010, à sept reprises au moins, à des orgies dans la villa du Cavaliere à Arcore (Lombardie).
La suite, toujours selon les défenseurs du Cavaliere, pourrait se résumer à une simple histoire de "petits mensonges entre amis". D'origine marocaine, fuyant une jeunesse difficile en Sicile, Ruby a tôt fait d'intéresser le président du conseil, que son divorce laisse inconsolable. Généreux, il ne résiste pas au récit d'une enfance difficile et aligne 50 000 euros afin que la jeune fille s'offre le salon d'esthéticienne dont elle rêve.
"IL N'Y A JAMAIS RIEN EU ENTRE NOUS"
Lorsqu'elle est arrêtée pour vol en mai 2010, il intervient personnellement, usant de sa qualité de président du conseil, auprès du commissariat de Milan pour la faire relâcher afin, dit-il, "d'éviter un incident diplomatique" avec l'Egypte. Légèrement mythomane, la jeune fille n'a-t-elle pas laissé supposer à son hôte qu'elle était la nièce de l'ex-président égyptien Hosni Moubarak ? En réalité, il a peur, supposent les enquêteurs. Peur que Ruby ne parle et dévoile ce qu'elle sait des soirées "bunga bunga" où des dizaines de filles, rétribuées et logées dans un immeuble résidentiel appartenant au Cavaliere, se tortillent autour d'un mât de lap dance. Pour les policiers, le système de prostitution ne fait aucun doute et Ruby en est un des fleurons. Ils estiment à 4 millions d'euros le prix de ses services et de son silence.
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