MALADIE D'ALZHEIMER - Dans quelques années, la vie des malades d'Alzheimer sera peut-être plus confortable grâce aux robots. Les recherches sur cette maladie avancent, mais les traitements médicamenteux pour la guérir, eux, stagnent. C'est pourquoi, à défaut de guérir, il est important d'encadrer les personnes touchées et leurs proches, afin de rendre leur expérience de la maladie un peu moins désagréable.
Ce robot du futur existe déjà, mais pas à destination des malades. Il s'appelle Beam et a été conçu par la société Awabot. Il s'agit d'un écran, à hauteur de la tête, qui peut se balader. Sur cet écran s'affiche l'image en direct de la personne qui est à l'autre bout du robot. Un peu comme une conversation audiovisuelle sur Skype, sauf que celui qui est derrière l'écran peut gérer, à partir des flèches de son clavier, les mouvements de Beam.
Dans le cas de la maladie d'Alzheimer, plusieurs personnes (des proches comme des aidants) pourront donc se connecter au robot (mais pas simultanément, bien sûr), et le prendre en main de façon très intuitive.
Quel intérêt pour les malades d'Alzheimer? A l'heure actuelle, ce robot serait surtout synonyme d'une présence qui peut être quasi permanente. "C'est une téléprésence visuelle qui peut rassurer, sans avoir à être coincé devant son écran d'ordinateur", explique Bruno Bonnel, à la tête de la société Awabot qui le commercialise. Quand on sait à quel point la maladie est prenante, un tel robot offre une forme de répit aux membres de la famille, qui peuvent s'assurer que leur proche se porte bien, sans avoir à se déplacer à chaque instant. Mais c'est avant toute chose dans les hôpitaux que ce robot pourrait être d'abord intégré.
Capteurs intelligents
Si sa taille devrait diminuer, sa physionomie n'évoluera pas, contrairement à ce qu'on pourrait imaginer, vers une forme humanoïde. En effet, plus les robots nous ressemblent, moins on les supporte, selon Bruno Bonnell. Peut-être parce que ceux-ci ont un côté plus oppressants, moins qu'une robot écran et bienveillant.
Mais c'est surtout à l'avenir que ce robot prendra plus de sens, car en 2015, "des capteurs intelligents y seront intégrés". Des capteurs capables de prendre la température, de connaître le rythme cardiaque, d'analyser les odeurs... Des nez électroniques existent d'ailleurs déjà, et nous savons depuis peu que l'odorat permet de détecter certaines maladies.
"Avec le Fonds Robolution, nous avons l’ambition de développer des outils technologiques performants au service de tous, malades, familles, personnel médical. C’est par exemple le cas avec les robots de téléprésence qui, disposés chez des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, peuvent jouer un rôle d’alerte médicale grâce à des capteurs intelligents", détaille encore Bruno Bonnell.
Solutions non-médicamenteuses
Pour Marie-Odile Desana, Présidente de France Alzheimer, "la maladie d’Alzheimer va bien au-delà de troubles cognitifs et nécessite une prise en charge de la personne atteinte de la pathologie et un accompagnement de l’aidant confronté à un risque élevé d’épuisement tant psychologique que physique."
En bientôt 30 ans d'existence, l'association n'aurait pas vu la situation des malades vraiment évoluer. Alors que presque un million de personnes sont touchées en France par la maladie, et que trois millions de personnes sont concernées, on comprend alors l'urgence de mettre en oeuvre des solutions autres que médicamenteuses pour améliorer le confort des malades.
C'est pourquoi, en dehors de la robotique, le groupe organise des ateliers de Taï Chi Chuan, et soutient France Alzheimer dans la mise en place de séjours vacances, d'ateliers de musicothérapie et de modules de formation des aidants
Et pour ceux qui sont très sceptiques quant à l'intégration de ce genre de robots dans les hôpitaux et les foyers, Bruno Bonnell rappelle avec humour que lorsque les premiers smartphones, puis tablettes, sont arrivés sur le marché, personne n'y croyait non plus. "On ne se rend pas compte à quel point les gens s'adaptent. Dans 5 ou 10 ans, ce sera banal."