POLITIQUE - Sa démission devient effective ce dimanche 15 juin. Contraint de renoncer à la présidence de l'UMP après le scandale Bygmalion, au fond du trou dans les sondages, Jean-François Copé n'a pas pour autant tiré un trait sur sa carrière politique. Loin de là.
Lui qui aime tant se comparer à Zorro -ses collaborateurs lui ont offert une affiche du "retour de Zorro" comme cadeau de départ- rappelle à qui veut l'entendre que, lorsqu'il tombe, le cavalier masqué "remonte toujours à cheval".
Lors de son meeting d'adieux ce jeudi à Aulnay-sous-Bois, le député-maire de Meaux a encore donné le ton: "Je vais me taire. Pas pour me faire oublier, ce serait insoutenable."
S'il reconnait qu'il a désormais "un genou à terre", Jean-François Copé refuse de se lamenter sur son sort et veut prouver coûte que coûte qu'il faudra compter avec lui dans les semaines et les mois à venir. A Aulnay, il a soigneusement mis en scène son au-revoir, s'affichant bien entouré pour éviter de donner l'impression d'un homme isolé. Quitte à faire affréter des bus pour assurer le déplacement de militants venus de son département de Seine-et-Marne.
Responsable mais pas coupable: la stratégie du bouc émissaire
Les jours qui viennent s'annoncent néanmoins compliqués pour l'ancien "bébé Chirac" devenu le premier des copéistes. La troïka qui lui succède à la tête de l'UMP a promis de faire toute la lumière sur le scandale Bygmalion qui lui a coûté son siège. Et il y a fort à parier que François Fillon n'hésitera pas à exposer la moindre insuffisance de sa part dans la gestion du parti.
Mais contrairement aux autres grands brûlés du quinquennat, comme Jérôme Cahuzac, Jean-François Copé n'a en effet rien avoué. Et il n'est pas (encore) directement visé par la justice même si le siège de son association Génération France a lui aussi été perquisitionné.
En attendant, Jean-François Copé a opté pour la stratégie du "responsable mais pas coupable" en s'improvisant bouc émissaire des divisions à l'UMP. Il a fait "le serment" qu'il n'était pas au courant de l'affaire des fausses factures de la campagne présidentielle de 2012. Et s'il a accepté de démissionner, c'est uniquement pour éviter une nouvelle guerre de tranchées dans son parti. "C'est l'honneur d'un chef de payer pour les autres même s'il n'est directement pas responsable", a-t-il lancé à ses amis en citant de Gaulle et Peyrefitte.
Un député, ça compte énormément
Le temps que ses soucis judiciaires s'éloignent, Jean-François Copé a promis de s'astreindre à une cure de silence médiatique. L'ancien président de l'UMP devrait même redevenir avocat d'affaires. Mais cela ne devrait pas l'empêcher de continuer à faire de la politique, même s'il promet d'en faire "autrement".
"Il ne s'agit plus de se lever chaque matin pour monter sur une scène médiatique [...]. Il s'agit de redescendre de l'estrade pour reprendre place dans la cité, dans la vie quotidienne pour au final demain, ne plus parler des Français comme le font si souvent les responsables politiques mais aux Français", promet-il.
Ce retour au terrain ne devrait toutefois pas l'éloigner très longtemps du siège de l'UMP rue de Vaugirard. Selon Le Monde, le député-maire de Meaux va continuer à participer au bureau politique statutaire de l'UMP qui se réunit chaque mardi, comme l'y autorise son statut d'ancien président du parti. Si ses plus proches collaborateurs doivent démissionner en même temps que lui, à commencer par son directeur de cabinet Jérôme Lavrilleux, Jean-François Copé conserve quelques amitiés utiles à l'UMP. Luc Chatel, nommé secrétaire général pour assister le triumvirat Fillon-Juppé-Raffarin, figurait sur son ticket lors de son élection controversée à la tête du parti. Et son voisin de Seine-et-Marne, Christian Jacob, reste le patron du groupe UMP à l'Assemblée nationale.
Fidèle à l'esprit de l'un de ses ouvrages ("Un député ça compte énormément" chez Albin Michel), c'est depuis les bancs du Parlement que Jean-François Copé entend se relancer dans un premier temps. Il continuera à y réunir ses amis tous les mardi et devrait déposer ses deux propositions de loi sur la transparence dans les partis politiques dès la semaine prochaine.
Une manière de boucler la boucle: au tout début de l'affaire Bygmalion, le député-maire de Meaux avait sorti ces deux propositions de loi de son chapeau pour calmer les critiques sur sa gestion de l'UMP et rejeter la suspicion sur tous les autres partis. Même avec un genou à terre, Jean-François Copé a su garder la main.