Le tribunal administratif de Rouen a suspendu jeudi les interdictions administratives de stade (IAS) visant deux supporters du PSG qui avaient participé à un regroupement de supporters devant le stade Charléty à Paris, à l'occasion de la demi-finale de Ligue des champions féminine entre le club parisien et Wolfsburg, le 26 avril. Cent-vingt-cinq supporters au total avaient été interdits de stade jusqu'au 15 juin par le préfet de police de Paris. Après s'être vus barrer l'entrée, leurs identités avaient été relevées par la police à proximité du stade.
Selon leurs témoignages, ces supporters, qui ne faisaient l'objet d'aucune interdiction de stade, n'ont obtenu aucune explication de la part du club sur les raisons de leur exclusion. Pour justifier les IAS, le préfet avait mis en avant un attroupement non autorisé, l'utilisation massive de fumigènes et des chants contestataires contre le plan sécuritaire du PSG.
«Procédure contradictoire non respectée»
Saisi en urgence ("référé-suspension") par l'ADAJIS (Association de défense et d’assistance juridique des intérêts des supporters), le juge de Rouen ne se prononce pas sur le fond, mais il estime dans son ordonnance que «la procédure contradictoire (permettant de recueillir les observations des supporters incriminés) n'a pas été respectée». Il suspend donc les IAS contestées en attendant une décision au fond. La première conséquence pratique de sa décision est immédiate: les deux supporters concernés pourront assister à la finale de la Coupe de France entre le PSG et l'AJ Auxerre, samedi au Stade de France.
Dans trois autres procédures, à Cergy-Pontoise et Amiens, les juges ont estimé, à l'inverse, qu'il n'y avait pas urgence à statuer. Le cas de Rouen, même isolé, satisfait Me Pierre Barthélemy, l'avocat de l'ADAJIS. «Cela faisait deux ans que nos référés contre les IAS étaient systématiquement rejetés car les juges estimaient que le football étant un loisir, il n'y avait pas lieu de statuer en urgence. Dans ces deux cas, le juge estime au contraire qu'il y a une telle atteinte aux droits qu'une suspension des interdictions est justifiée.»
Informations à effacer du ficher "STADE"
Les ordonnances du juge de Rouen obligent en outre la préfecture et le PSG à effacer toutes les informations concernant les deux supporters. Non seulement du fichier des personnes interdites de stade, mais aussi du fichier "STADE" créé le 15 avril dernier et suspendu peu après par le Conseil d'Etat (il est gelé mais pas détruit en attendant la décision au fond). Me Barthélemy: «Il y a une prise de conscience que l'image de supporters violents devant absolument être écartés est dépassée, que ces mesures sont abusives compte tenu du contexte apaisé et des personnes concernées qui sont d'une autre génération que certaines personnes violentes dans le passé, et qu'il convient de rappeler aux pouvoirs publics qu'il y a des limites à ne pas dépasser en matière d'atteinte aux libertés.»