Peter Thiel

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Peter Thiel
Peter Thiel en 2014
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Membre du conseil d'administration
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Biographie
Naissance
Nom de naissance
Peter Andreas Thiel
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Université Stanford (philosophie et droit)
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Comité directeur du club de Bilderberg (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
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The Stanford Review (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Peter Andreas Thiel, né le à Francfort-sur-le-Main (Allemagne), est un entrepreneur américain et néo-zélandais d'origine allemande (germano-américain), gérant de fonds spéculatif, et investisseur de capital risque.

En 1998, avec Max Levchin il cofonde Confinity qui deviendra PayPal et en devient directeur général. Il est actuellement le président de Clarium Capital Management LLC, un fonds spéculatif dit de « global macro », gérant près de 3 milliards de dollars et un partenaire gérant de The Founders Fund, un fonds de capital risque de 50 millions de dollars qu'il a lancé en 2005. Il fut un investisseur précoce de Facebook, le site populaire mondial de réseau social, dont il est membre du conseil d'administration. En 2004, il fonde la société de big data Palantir Technologies.

Il a créé une fondation portant son nom.

Il a été après les élections américaines de 2016 un conseiller du président des États-Unis Donald Trump dont il a soutenu la candidature.

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines[modifier | modifier le code]

Peter Andreas Thiel naît le à Francfort-sur-le-Main en Allemagne mais sa famille émigre à Cleveland aux États-Unis alors qu'il n'a qu'un an[1]. La famille déménage régulièrement en fonction du travail du père avant de s'installer à Foster City dans la baie de San Francisco (Californie). Pendant ses années de lycée, il devient un joueur d'échecs classé au niveau national. Il lit notamment Le Seigneur des anneaux, Ayn Rand et Alexandre Soljenitsyne[2].

Formation[modifier | modifier le code]

À l'université Stanford, il étudie la philosophie du XXe siècle[3]. Il est notamment influencé par la pensée de René Girard et sa théorie du désir mimétique. Il préside la Stanford Federalist Society (en) et fonde The Stanford Review (en)[2]. Il intègre ensuite la faculté juridique de Stanford (Stanford Law School (en)), où il obtient le diplôme de Juris doctor en 1992.

Débuts professionnels[modifier | modifier le code]

Après avoir obtenu son Juris doctor, Thiel a été greffier pour le juge J.L. Edmondson de la cour d'appel des États-Unis pour le onzième circuit, pratiquant le droit et plus tard les instruments financiers dérivés. Il fonde le Thiel Capital Management, un fonds à multi-stratégie, en 1996.

PayPal[modifier | modifier le code]

Il rencontre Max Levchin à l'été 1998 après une conférence à l'université de Stanford. Ensemble, ils ont l'idée de créer un système de paiement électronique destiné à favoriser l'émergence du commerce électronique et ils fondent l'entreprise Fieldlink qui deviendra par la suite Confinity. PayPal est lancé en 1999 comme demo pour des paiements par e-mail[2]. Confinity fusionne avec X.com d'Elon Musk en 2000. X.com est renommé Paypal par la suite.

Il espère alors que PayPal fera advenir une nouvelle monnaie mondiale, libre du contrôle gouvernemental et de la dilution[4].

Thiel et ses associés le vendent à eBay pour 1,5 milliard de dollars en 2002[5]. Ses 3,7 % du capital valaient environ 55 millions de dollars au moment de la cession à eBay[6],[2]. Peter Thiel fonde alors le fonds spéculatif Clarium Capital Management, initialement doté de 10 millions de dollars[2]

En 2005, Clarium est nommé fonds global macro de l'année par à la fois MarHedge et Absolute Return, deux magazines spécialisés[réf. nécessaire].

En 2004, Reid Hoffman, son ami depuis ses années à Stanford, et Sean Parker lui présentent Mark Zuckerberg et Peter Thiel lui prête un demi million de dollars pour l'aider à fonder Facebook. Plus tard, il acquiert 7 % du capital de l'entreprise et siège au conseil d'administration[2]. La même année, il cofonde l'entreprise Palantir Technologies, qui se spécialise dans la conception de logiciels destinés à traquer les terroristes et les fraudeurs[2].

À l'été 2008, juste avant la crise financière, Clarium est un des fonds spéculatifs les plus en vue avec plus de 7 milliards de dollars d'actifs et s'installe à New York mais l'entreprise connaît d'importantes pertes à la fin de l'année 2008 et pendant l'année 2009. En 2010, Peter Thiel ferme le bureau de New York et revient s'installer à San Francisco[2].

Investissements[modifier | modifier le code]

Peter Thiel est le premier investisseur extérieur de Facebook. Il espère alors que le réseau social « aiderait les gens à former des communautés spontanées en dehors des États-nations traditionnels »[4]

Il finance aussi de nombreux projets pour leur dimension utopique plus que pour leur rendement financier.

En plus de Facebook, Thiel a procédé a de nombreux investissements précoces dans des startups dont Slide (en), LinkedIn, Friendster, Palantir Technologies, et IronPort. Slide, et IronPort ont chacun été fondés par des collègues de Thiel à PayPal. Fortune magazine a rapporté que les anciens de PayPal ont fondé ou investi dans une douzaine de start-ups pour une valeur, selon Thiel, d'environ 30 milliards de dollars[8].

En 2010 il fonde Valar Ventures aux côtés d'Andrew McCormack et James Fitzgerald. Via ce fonds capital-risque, il investit notamment dans les sociétés de fintech françaises Qonto et Shares[9].

Le , Peter Thiel fait sensation en vendant 20 des 25,6 millions d’actions du réseau social qu’il détenait à un prix compris entre 19,69 et 20,70 dollars ce qui lui génère un bénéfice d'environ 400 millions de dollars[10].

Fondation Thiel[modifier | modifier le code]

La fondation privée portant son nom a pour but de promouvoir la science, la technologie, et la réflexion dans le long terme à propos du futur. La fondation se divise en trois grands projets internes : le Thiel Fellowship (en), Imitatio (en), et Breakout Labs (en).

Thiel Fellowship[modifier | modifier le code]

Le prix Thiel Fellowship est réservé aux jeunes visionnaires de moins de 20 ans. Il permet de leur accorder $100,000 sur deux ans pour que les lauréats puissent quitter l'école et se concentrer sur la recherche scientifique, la création de startups, ou sur des travaux sociologiques.

Imitatio[modifier | modifier le code]

Imitatio est un projet qui vise à comprendre le monde à travers le point de vue de la théorie du mimétisme de René Girard.

Breakout Labs[modifier | modifier le code]

Le Breakout Labs donne la possibilité aux scientifiques étant encore dans les premières phases de leurs recherches concernant des secteurs qui ne sont pas intéressants économiquement, de poursuivre leurs recherches en assurant leur financement.

Politique[modifier | modifier le code]

De la fin des années 1980 jusqu'au début des années 1990, il prend position contre « les nouvelles orthodoxies académiques du multiculturalisme, de la diversité et du politiquement correct », notamment dans un ouvrage qu'il intitule The Diversity Myth. Il va jusqu'à défendre son camarade Keith Rabois (en) après que ce dernier eut crié des injures homophobes et « J'espère que vous mourrez du sida ! » devant la résidence de l'un de ses professeurs[4].

Il soutient financièrement lors de la campagne des primaires internes au Parti Républicain de 2008 le candidat libertarien Ron Paul, puis apporte son soutien financier au candidat républicain désigné par celles-ci, John McCain, lors de l'élection présidentielle américaine de 2008[2],[11],[12]. Il apporte à nouveau son soutien financier à Ron Paul lors des primaires du Parti Républicain de 2012[13]. Il a été membre de l'organisation conservatrice Federalist Society et du Leadership Institute[14].

En 2009, il expose dans l'article L'Éducation d'un libertarien (The Education of a Libertarian) des idées politiques qui articulent désormais le cœur de sa pensée : « Je ne crois plus que la liberté et la démocratie soient compatibles. […] Je reste attaché, depuis mon adolescence, à l’idée que la liberté humaine authentique est une condition sine qua non du bien absolu. Je suis opposé aux taxes confiscatoires, aux collectifs totalitaires et à l’idéologie de l'inévitabilité de la mort »[4],[15]. Il estime également dans cet article que le capitalisme et la démocratie sont devenus incompatibles depuis que les femmes ont obtenu le droit de vote[16].

La même année, il finance le militant conservateur James O'Keefe[14].

En 2014, il publie le livre Zero to One, dans lequel il s'exprime contre la concurrence économique et pour les « monopoleurs créatifs ». L'Economist considère qu'il n'est ainsi « plus tant un libertarien qu'un nietzschéen d'entreprise »[4]

Il soutient le candidat républicain Donald Trump pour l'élection présidentielle de 2016[17]. Le 21 juillet 2016, Peter Thiel s'est exprimé à la tribune de la Convention Républicaine à Cleveland pour apporter son soutien à Donald Trump. Une fois ce dernier élu en novembre 2016, il été membre du comité de transition à la présidence de celui-ci[18],[19], ce qui a fait de lui un proche conseiller de l'ex-président américain. Avec Safra A. Catz, présidente directrice générale d'Oracle Corporation, il compte parmi les rares figures du domaine de la high-tech à soutenir ensuite la présidence de Donald Trump[20].

En 2016, il participe au congrès annuel de la Property and Freedom Society (en), une organisation néofasciste[16].

Il entretient de bons rapports personnels avec le chancelier autrichien Sebastian Kurz, qu'il recrute en 2022 au poste de conseiller stratégique après que celui-ci eut quitté le pouvoir en raison d'accusations de corruption[21].

Il est également membre du comité de direction du groupe Bilderberg[22].

Intérêts[modifier | modifier le code]

Thiel a aussi des ambitions culturelles. Il a coproduit le film Thank You for Smoking. Il est coauteur (avec David O. Sacks) du livre, The Diversity Myth: 'Multiculturalism' and the Politics of Intolerance at Stanford, qui a inspiré René Girard[réf. nécessaire]. Il a aussi contribué à des articles au The Wall Street Journal, First Things, Forbes, et Policy Review, le journal de la Hoover Institution (il appartient à son conseil d'administration). En 2006, il a gagné le Herman Lay Award pour l'entrepreneuriat[23].

Il s'intéresse à la recherche sur les effets potentiellement rajeunissants de la parabiose[24].

Peter Thiel fait des donations aux associations LGBT American Foundation for Equal Rights (en) et GOProud (en)[25] ; il est lui-même homosexuel[25],[26],[27].

En , Thiel révèle qu'il a financé les procès de plusieurs personnalités, parmi lesquelles le catcheur Hulk Hogan, contre le groupe Gawker Media[27],[28]. C'est par ailleurs Valleywag (en), un blogue appartenant à ce même groupe, qui avait révélé l'homosexualité de Thiel en 2007[27],[28].

En 2017, Thiel finance l'entreprise Clearview AI, une société spécialisé dans la reconnaissance faciale.

Patrimoine[modifier | modifier le code]

En 2022, sa fortune personnelle est estimée à 4,3 milliards de dollars[29].

Vie privée[modifier | modifier le code]

En 2015, il achète pour près de 12 millions d’euros une ferme et près de 200 hectares de terrain en Nouvelle-Zélande, sur les rives du lac Wanaka, dans le sud du pays. Il y fait construire une pièce ultra-sécurisée[30].

Thiel a épousé son partenaire de longue date Matt Danzeisen en , à Vienne, en Autriche. Danzeisen travaille en tant que gestionnaire de portefeuille chez Thiel Capital[31].

Au cinéma[modifier | modifier le code]

En tant qu'investisseur important du réseau social Facebook, son personnage apparaît brièvement dans le film de David Fincher, The Social Network (2010). Il est interprété par l'acteur Wallace Langham[2].

Prix et récompenses[modifier | modifier le code]

Publications[modifier | modifier le code]

  • (en) The Diversity Myth : Multiculturalism and Political Intolerance on Campus, Independent Institute, écrit avec David Sachs
  • (en) « The Education of a Libertarian », Cato Institute,‎ (lire en ligne, consulté le )
  • Peter Thiel et avec Blake Masters (en), De zéro à un : Comment construire le futur, JC Lattès, (BNF 44504948)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Reddit », sur Reddit
  2. a b c d e f g h i j et k (en) https://www.ft.com/content/86432398-4897-11e4-9d04-00144feab7de, « No Death, no taxes : The libertarian futurism of a Silicon Valley billionaire », ft,‎ (lire en ligne)
  3. (en) Thomas Alistair, « Peter Thiel: From Frankfurt to the World of Global Markets », www.atrader.com, 17 juin 2010.
  4. a b c d et e (en) « The evolution of Mr Thiel », The Economist,‎ (ISSN 0013-0613, lire en ligne Accès payant, consulté le )
  5. « eBay picks up PayPal for $1.5 billion », sur CNET News.com (consulté le )
  6. « SEC Info - Ebay Inc - S-4 - On 8/6/02 » (consulté le )
  7. « The Mprize-PayPal Founder pledges $3.5 Million to antiaging research » (consulté le )
  8. « The PayPal mafia - novembre 14, 2007 » (consulté le )
  9. « Valar, le discret fonds de Peter Thiel qui mise sur la fintech », sur Les Echos, (consulté le )
  10. « Facebook : Peter Thiel, investisseur historique, liquide une partie de ses actions »
  11. « Endorsements » Blog Archive » Peter Thiel » (consulté le ).
  12. Pierre Haski, « Peter Thiel, la voix pro-Trump et gay de la Silicon Valley, entre dans l’équipe du président », sur nouvelobs.com, (consulté le ).
  13. Benoît Bréville, « Mitt Romney mène « sans enthousiasme » les primaires républicaines », sur La valise diplomatique, .
  14. a et b Steven Thrasher, « Conservative Facebook Investor Funded Anti-ACORN Videographer », sur The Village Voice, (consulté le )
  15. Peter Thiel, fondateur de PayPal, rêve d'un monde sans politique , lemonde.fr, 15 juillet 2015.
  16. a et b (en-US) Brandon Thorp et Penn Bullock, « Peter Thiel: Billionaire RNC Speaker, Gay Man, And Guest Of Neo-Fascist » Accès libre, sur Towleroad Gay News, (consulté le )
  17. Pierre Haski, « Peter Thiel, la seule voix pro-Trump et gay de la Silicon Valley », rue89.nouvelobs.com, 22 juillet 2016.
  18. (en) « Silicon Valley Investor Peter Thiel Will Join Trump's Transition Team », sur Fortune (consulté le ).
  19. (en) Glenn Thrush et Louis Nelson, « Pence to take over Trump's transition effort from Christie », sur POLITICO (consulté le ).
  20. « Safra Catz, l'autre pro-Trump de la Silicon Valley », lesechos.fr, 9 mai 2017.
  21. « Autriche. Sebastian Kurz rejoint l’entreprise d’un partisan de Donald Trump », sur Courrier international, .
  22. « Dans la Silicon Valley, Peter Thiel a eu raison seul contre tous » Accès libre, sur L'Express, (consulté le )
  23. « The Association of Private Enterprise Education » (consulté le )
  24. (en) Jeff Bercovici, « Peter Thiel Is Very, Very Interested in Young People's Blood » Accès libre, sur Inc., (consulté le )
  25. a et b Aude Fredouelle, « Peter Thiel, co-fondateur de Paypal et premier investisseur de Facebook », sur Le Journal du Net, (consulté le )
  26. François Touzain, « Milliardaires LGBT, un club très fermé », sur 360.ch, (consulté le )
  27. a b et c Luc Vinogradoff, « Le milliardaire de la Silicon Valley, le média abrasif et les limites de la liberté d'expression », sur Le Monde, (consulté le )
  28. a et b (en) Andrew Ross Sorkin, « Peter Thiel, Tech Billionaire, Reveals Secret War With Gawker », sur The New York Times, (consulté le )
  29. Olivier Tesquet, « Peter Thiel, le milliardaire prophète de l’ultradroite américaine », Télérama,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  30. « Nouvelle-zélande. Là où fleurissent les bunkers de milliardaires », L'Humanité,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  31. (en-US) « Who Is Peter Thiel's Husband? », sur Market Realist (consulté le )

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Steven Drobny, Inside the House of Money, The Dot-Commer, Wiley, , 384 p. (ISBN 978-0-471-79447-9)
  • (en) Tom Hodgkinson, « With friends like these ... », The Guardian,‎ (lire en ligne)
  • (en) George Packer, « No Death, no taxes : The libertarian futurism of a Silicon Valley billionaire », The New Yorker,‎ (lire en ligne)
  • (en) Max Chafkin, The Contrarian : Peter Thiel and Silicon Valley’s Pursuit of Power, éd. Bloomsbury,

Liens externes[modifier | modifier le code]

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