"Les services de la Ville planchent sur une baisse « de -10% à -50% » de l’aide municipale au FIBD. Le festival perdrait jusqu’à 270.000 €" peut-on lire dans La Charente Libre d’hier à la suite de l’envoi d’un communiqué de presse de l’Association du FIBD.
La mairie en effet a demandé le 5 octobre dernier, dans une réunion des adjoints à laquelle étaient conviés l’Association du FIBD et 9eArt+, son prestataire, de clarifier les apports de la Ville dans le budget global et surtout d’imaginer différents scénarios en vue d’une diminution de la participation de la ville selon des hypothèses qui iraient de -10 à -50%.
Un signe clair de désengagement qui intervient alors que se tient aujourd’hui l’Assemblée Générale Ordinaire de l’Association du FIBD qui doit donner son quitus au président Ausou, lequel, on s’en souvient, a laissé "filer" la reconduction du contrat avec 9eArt+, contre l’avis de la Mairie, du Conseil Général et du Ministère de la culture. "Le président Ausou sera-t-il reconduit, lui qui, contre toute attente, par maladresse ?, a permis la reconduction d’un contrat pour dix ans laissant peser des doutes quant à sa légitimité de sa représentativité dans l’exécution des intentions de l’AGO de l’Association ? Dans ces conditions, les financeurs et la CIBDI peuvent-ils encore donner du crédit à l’Association du FIBD ? Et par ailleurs, 9eArt+ n’a-t-elle pas là remporté une victoire à la Pyrrhus qu’elle finira par payer cher un jour ou l’autre ? Ces questions sont celles qui se poseront les membres présents de l’AGO le 15 octobre prochain" écrivions-nous dans notre article du 9 octobre dernier.
Fausse surprise
L’Association, par la voix de Delphine Groux, la propre fille du président et fondateur du FIBD Francis Groux qui a engagé l’Association pour vingt ans, s’offusque en prétextant que le maire s’y prend bien tard pour les prévenir, notamment à l’occasion d’une réunion qui aurait eu lieu le 5 juin où le maire parlait de simplifier certains aspects de la trésorerie. "Faux !, rétorque le maire Xavier Bonnefont sur sa page Facebook. Par un courrier, en date du 30 avril 2015, j’ai appelé formellement de mes voeux qu’une concertation ait lieu entre les différents financeurs publics sur la pérennité de nos engagements.« Anticiper ça fait partie de la gestion » , nous dit Franck Bondoux. Nous sommes bien là au cœur d’une stratégie d’anticipation et de bonne gestion. Je m’étonne et m’inquiète que l’association n’ait pas eu connaissance de ma démarche par son seul prestataire Franck Bondoux."
On sait en outre que les pouvoirs publics, premiers subsidieurs de la manifestation que la ville accueille dans ses murs, ont toutes les raisons de se sentir humiliés par la reconduction, fin juin, du contrat entre l’Association du FIBD et 9eArt+. Il est clair que la décision de la Mairie est directement la conséquence de cette situation. Le FIBD ne peut pas dire qu’il n’a pas été prévenu.
Idem pour les suppositions que Delphine Groux exprime en ce qui concerne la présence des autres collectivités et de l’état, qu’elle voit, reconduite sur les mêmes bases qu’avant la reconduction du contrat, voire, et c’est du délire quand on connaît la situation budgétaire actuelle des collectivités, "sur des bases supérieures".
Elle met en avant les "retombées pour la ville", estimées selon elle à 4 millions d’euros par an et la légitimité d’une association qui a créé ce festival voici plus de 40 ans, le fait aussi que les différents partenaires aient loué le professionnalisme de 9eArt+, le prestataire-organisateur du festival imposé par le FIBD.
Personne ne le conteste. Ce qui est en cause, c’est que les financeurs publics (1,7M€ de subventions hors subventions exceptionnelles sur 4,1 M€ de budget, selon le quotidien Sud-Ouest) en ont un peu marre que les décisions de gestion se passent sans eux et surtout dans des conditions aussi croquignolesques : "Il n’en reste pas moins vrai, comme je l’ai déjà affirmé, que la Ville sera facilitatrice pour l’organisation du festival 2016, commente le maire Xavier Bonnefont sur sa page Facebook. Encore, faudrait-il qu’une demande de subvention nous soit déposée, ce qui n’est pas le cas à 3 mois de l’événement et que la date limite de dépôt des demandes de subvention est largement dépassée. La société 9ème Art+ considère-t-elle que les subventions sont renouvelées, chaque année, par tacite reconduction ? Qu’une attribution de subvention peut être effectuée sans présentation d’un projet et d’un budget ?" Qui a dit "professionnalisme" ?
Vers une augmentation du prix d’entrée du festival ?
C’est donc bien le rapport de force permanent dans la gestion du Festival qui est en cause ici, contre laquelle le maire se rebelle. Il ajoute : "Tout ce que nous savons aujourd’hui c’est que 9ème Art + a la volonté d’augmenter le prix des entrées du Festival puisque Franck Bondoux l’a annoncé lors du Conseil d’Administration de l’association le 1er octobre dernier. Il a, également, pour cette année, décidé de ne pas investir le Vaisseau Moëbius, qu’il considère « pourri » alors qu’ habituellement, il ne dispose pas d’assez de lieux. Y-aura-t’-il moins d’expositions en 2016 ? Une édition au rabais se prépare-t’-elle ? En tant que premier financeur, cela m’inquiète et je suis en droit de m’interroger.
Je tiens à réaffirmer ma méthode quant à l’attribution des subventions destinées, par nature, à soutenir des initiatives privées. Je souhaite la plus grande transparence et un contrôle a postériori et a priori de l’usage des fonds publics. C’est un exercice auquel se prête les principales structures culturelles de la Ville, comme nos principaux partenaires qui l’ont trouvé respectueuse, engageante et constructive.
Face à la baisse des dotations de l’État, il me paraît indispensable que chaque structure municipale mais aussi que les partenaires de la Ville prennent conscience des réalités financières que sont les nôtres pour participer, si possible, à l’effort collectif. C’est à la fois un exercice de pédagogie, de concertation, dans le but d’un partenariat constructif."
Et le maire de poursuivre : "Contester une telle démarche comme le fait Madame Groux et Monsieur Bondoux, revient à considérer que les financeurs publics ne sont plus des partenaires mais bien « des vaches à lait »."
Comment se conclura cette partie de bras de fer ? Nul ne sait. Et nous sommes à trois mois de l’événement. Peut-être par une augmentation conséquente du prix d’entrée du FIBD. Peut-être par une remise en cause profonde de cette organisation au risque que le festival ne se tienne pas pendant une année.
On ne pourra pas dire que le FIBD et 9eArt+, désormais indissociables, ne sont pas prévenus.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Photos : D. Pasamonik (L’Agence BD)
Participez à la discussion