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Big K : Nicolas Duchêne et Fabian Ptoma lâchent leur tueur en série chez Sandawe

Par Christian MISSIA DIO le 31 juillet 2015                      Lien  
Richard Kilowski alias Big K est un tueur froid et méthodique qui loue ses services à l’une des principales familles de la mafia new-yorkaise. Mais derrière cette "simple" image de truand, Big K cache une âme encore plus sombre, qui le rend extrêmement dangereux !

New York, 1977. Les tours du World Trade Center trônent fièrement sur la ville, Elvis vient de mourir et Rocky triomphe aux Oscars. Mais tout cela, Richard “Big K” Kilowski s’en fout royalement. Trop occupé à remplir sa mission, Kilowski mène Pesci, son otage, vers les docks abandonnés de Manhattan. Pesci le sait : toute résistance est inutile ; sa fin est proche. Il faut dire que Big K est un colosse de 1,95 m pour 135 kg. Un look à la Dirty Harry, aussi aimable qu’une porte de prison. Surtout, c’est le tueur attitré de la famille Gambino, l’une des cinq familles mafieuses de New York. Froidement, Big K exécute Pesci d’une balle dans la tête, avant de lui fracasser le crâne à la clé anglaise.

Plus tard, le tueur à gages rejoint deux mafieux dans une boite de strip-tease. Après avoir empoché sa thune, Richard Kilowski se voit assigné à une nouvelle mission : récupérer pour le compte de son boss deux colts Firearms de collection et cinq kilos d’herbe chez un petit trafiquant qui répond au nom de Salvi. Une fois chez ce dernier, K découvre la “collection de poupées” du truand : deux fillettes condamnées à servir de sextoy aux pédophiles qui pourront y mettre le prix... Pour la première fois, la carapace du monstre se fendille pour révéler un passé torturé qui le hante encore...

Big K : Nicolas Duchêne et Fabian Ptoma lâchent leur tueur en série chez Sandawe
Big K : L’intégrale
Nicolas Duchêne & Fabian Ptoma (c) Sandawe

Rarement un personnage de bande dessinée franco-belge n’a été aussi sombre et inquiétant que ce Big K. Librement inspirée de l’histoire vraie du serial killer américain Richard “Ice Man” Kuklinski, Big K est une série née de la fascination du dessinateur Nicolas Duchêne pour le genre hard boiled : “J’étais tombé sur des documentaires de la chaîne américaine HBO consacrés à Ice Man et qui relataient le destin hors du commun de ce tueur. Je les trouvais vraiment bien faits car il y avait de nombreuses interviews de Kuklinski en prison. Ce qui est indéniable, c’est que ce type avait un vrai charisme, malgré sa nature profonde. Et puis, je suis un grand fan de polars, donc il était clair que ce personnage allait me parler. Richard Kuklinski n’est pas un tueur en série classique car il a profité de son métier de tueur de la mafia pour assouvir ses pulsions.”

La réalisation de cette série fut un long échange entre les deux auteurs, comme une partie de ping pong. Suite à l’idée de Nicolas Duchêne, son complice Fabian Ptoma a écrit un scénario, qui fut ensuite retravaillé à quatre mains jusqu’à ce que la version finale satisfasse les deux bédéistes.

Pour l’ambiance graphique, Ptoma a réalisé un storyboard qui servit de base à Duchêne pour ses planches. Pour mieux restituer l’ambiance glauque et sale du New York des 1970, Duchêne a opté pour un dessin au pinceau et au lavis. Enfin, la mise en couleur fut confiée à Tanja Cinna, collaboratrice régulière de Ptoma mais qui travailla aussi sur d’autres projets tels que la série-mère Michel Vaillant et Les Dossiers Michel Vaillant, ou encore les romans de James Ellroy.

Malgré toute la noirceur de leur personnage principal, les auteurs ont tenté de le rendre intéressant en explorant sa psyché et son passé. À travers cette BD, ils se sont questionné sur le fait de savoir si l’on naît en tant que monstre ou si on le devient au contact de la société : “Parfois, il a des réactions humaines, en particulier avec les enfants, et j’ai tenté de développer cette sorte de dualité intérieure qui le broie petit à petit. Il se rendra compte qu’il n’est qu’une ordure et se demandera pourquoi il en est arrivé là... Son enfance est son grand traumatisme. C’est à travers les enfants que nous espérons connecter le public à Big K. Aussi salaud qu’il soit, K n’est pas totalement corrompu, il y a encore une part de candeur en lui”, nous explique Fabian Ptoma.

Afin de soutenir son complice, Nicolas Duchêne nous a raconté une anecdote concernant le vrai tueur qui renforce leur démarche narrative : “Une psychiatre travaillant pour le FBI avait interviewé Kuklinski. Celle-ci lui a expliqué qu’il était psychopathe, asocial et qu’il ne connaissait pas la peur. C’est ce qui lui a permis d’avoir une aussi longue carrière de tueur. Mais, elle disait aussi que s’il avait grandi dans une famille aimante, il aurait pu être quelqu’un de très bien. Il aurait pu utiliser ses caractéristiques pour faire quelque chose de positif. Il aurait pu être pompier et sauver des vies. Mais Kuklinski est né dans une famille violente et il a évolué dans un milieu très violent. C’est n’est pas étonnant qu’il ait mal tourné”.

Ce n’est pas la première fois que la vie de Richard Kuklinski inspire le monde de la fiction. En 2005, l’épisode 8, intitulé “Cruauté sans limites” (“Natural Born Killer” en VO), de la première saison de la série américaine Esprits Criminels abordait l’histoire du célèbre tueur en série. En 2013, c’est au tour du cinéma de s’emparer du mythe. Le film The Iceman d’Ariel Vromen racontait l’histoire vraie du psychopathe. Pour incarner le rôle titre, il fallait une vraie gueule de cinéma. Celle-ci fut trouvée en la personne de l’acteur Michael Shannon, que l’on a pu voir dans la série Boardwalk Empire et des films comme Take Shelter de Jeff Nichols ou Man of Steel, la dernière adaptation ciné de Superman, réalisée par Zack Snyder et produite par Christopher Nolan. Enfin, le romancier John Verdon s’inspira aussi du personnage pour camper le tueur à gages dans son dernier thriller Il faut tuer Peter Pan.

Cette fascination autour de ce sociopathe s’explique aussi par le fait que celui-ci a poursuivi une carrière dans le crime d’une étonnante longévité tout en menant une vie de famille respectable, comme nous l’explique Duchêne :“Il a tué pendant 35 ans sans que sa famille, sa femme et ses enfants, ne se doutent de quoi que ce soit. Il est arrivé à avoir une telle longévité en restant très discret et en ayant une image de type tout à fait normal... Pendant son procès, sa famille a été complètement dévastée lorsqu’elle l’entendit avouer ses meurtres”.

Avec Big K, Nicolas Duchêne et Fabian Ptoma franchissent une étape dans la représentation de l’antihéros. Une démarche risquée qui connut un premier coup d’arrêt. En effet, les deux premiers tomes de cette série furent publiés entre 2012 et 2013 chez Casterman. Mais le changement de direction opéré lors du rachat du groupe Flammarion par Gallimard précipita la fin de la publication de la série car celle-ci n’entrait pas dans la nouvelle ligne éditoriale que les nouveaux propriétaires du label tournaisien voulaient défendre.

Vu qu’il ne restait plus qu’un album pour clôturer le cycle, Ptoma et Duchêne récupérèrent leurs droits et cherchèrent un nouvel éditeur pour terminer la publication de leur histoire sous la forme d’une intégrale. Cela permettait aux fans de la première heure de connaître la conclusion de cette BD et dans le même temps, de gagner de nouveau lecteurs.

Il est vrai que Big K est une série très sombre et brutale mais, à l’image de séries TV telles que Dexter ou Esprits criminels, celle-ci à le mérite d’être ambitieuse tout en restant dans l’air du temps. Les amateurs de polar et de récits psychologiques s’y retrouveront à coup sûr.

(par Christian MISSIA DIO)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

Big K : L’intégrale - Nicolas Duchêne & Fabian Ptoma - Sandawe

Big K sur le site des éditions Sandawe

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