Théâtre
« L’Iliade » dans les yeux de Pauline Bayle : un manifeste actuel

« L’Iliade » dans les yeux de Pauline Bayle : un manifeste actuel

11 December 2015 | PAR Amelie Blaustein Niddam

L’Iliade, en 2015 ? Oui et plus que jamais vous direz la jeune metteuse en scène, diplômée du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique (CNSAD) Pauline Bayle qui a à la fois le sens du casting, de la dramaturgie et de la direction d’acteurs.

[rating=4]

Tout commence par un happening qu’on va éviter de spoiler. Mais disons juste que vous croiserez Achille, Agamemnon et Ulysse de la même façon que vous pouvez donner rendez vous à des potes. On est ici et aujourd’hui. Particulièrement ici, métro Belleville, prés d’un mois après les attentats qui ont mis le quartier en deuil.

Nous sommes dans un épisode de L’Iliade, ce long poème en 15337 vers qui raconte la guerre qui oppose Troyes à Athènes.Ici, les mortels s’aident des Dieux, et parfois, les Dieux les abandonnent. Sur scène, un plateau dépouillé munis de rares éléments : deux panneaux sur lesquels sont écrits le nom des protagonistes par clan, histoire qu’on s’y retrouve et une rangée de chaises qui pourra devenir, une muraille fragile. Ici les armures sont faites de paillettes qui se collent sur le corps. Les personnages sont interchangeables. Tout n’est qu’illusions : le genre, la fonction.

La troupe de comédiens est solide dans un jeu qui déclame forcement ( c’est tout de même Homère) mais dans une distance avec l’original bien tenue. Il y a dans ce spectacle deux révélations particulières même si tous campent la multiplicité de leurs rôles avec talent. Florent Dorin est un Agamemnon et une Héra incroyables. Le comédien est particulièrement juste, il avale le plateau, le maîtrise. Le même effet est là avec Charlotte Van Bervesselès, qu’on avait déjà croisé chez Mathieu Roy. La jeune femme est hypnotique et joue la douceur et la douleur dans des tons parfaits.

Sur le fond, la mise en scène permet de faire de ce texte une belle lecture de l’état de guerre . “Pourquoi cette guerre ?” demandent-ils souvent dans leurs  mots.  Une histoire de fille, de butin… un prétexte.. Pauline Bayle défend une idée très pacifiste ici qui vient dire que les choix des hommes les dépassent, planqués derrières leurs consciences, leurs rêves, leurs croyances.

Visuel : © Pauline Le Goff

Infos pratiques

Institut Cervantes de Toulouse
La Fábrica Flamenca – Centro Flamenco de Toulouse
theatredebelleville

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration